Essayez de comprendre ce qui se trouve réellement dans un potage industriel et c’est la soupe à la grimace immédiate! En collaboration avec l’émission On en Parle (RSR, La Première), nous avons comparé les teneurs réelles en tomate, en sel et en valeurs nutritives de dix-huit soupes à la tomate. Petra Mèche, enseignante en diététique à la Haute Ecole de santé de Genève, nous est venue en aide pour décrypter ces emballages, avec l’aide de Margot Magnin, une de ses étudiantes, qui a récemment réalisé un travail sur les soupes à la tomate.
Trop de sel, trop mal indiqué
En Suisse, on consomme 10 à 13 grammes de sel par jour, alors que nos besoins vitaux se limitent à 1,5 g. Et pour éviter un risque de maladies cardiovasculaires, il ne faudrait pas dépasser les 5 à 6 g quotidiens. Tous les jours, nous consommons donc deux fois trop de sel. Avec peu de marges de manœuvre, puisque les trois quarts de ce sel proviennent d’aliments industriels et ne peuvent donc pas être dosés.
Il est dès lors regrettable que les fabricants de soupe ne jouent pas d’une meilleure transparence dans l’indication des teneurs en sel. En effet, sur nos dix-huit échantillons, sept n’en donnent pas la quantité. Et pour les autres, l’indication n’est pas toujours des plus claires: teneur en sel par portion, pour 100 ml de soupe, en pourcent de la poudre non diluée ou uniquement teneur en sodium (qui ne représente qu’une partie de la composition du sel). Pour Petra Mèche, l’indication idéale serait la teneur en sel de cuisine (NaCl) pour 100 ml de soupe prête.
En attendant, il reste impossible de savoir la quantité réelle de sel qu’on s’apprête à ingurgiter. C’est pourquoi nous avons soumis nos soupes à l’analyse du Laboratoire cantonal genevois. Bilan: entre 0,68 g et 1,11 g pour 100 ml, ce qui est beaucoup trop (voir tableau).
Tomate ou glutamate
La quantité de tomate est aussi mal indiquée que la teneur en sel. A quoi correspondent réellement les quantités de tomates déshydratées ou séchées, de purée, de pulpe ou encore de concentré de tomate signalées? Incomparables en l’état, ces données ont été recalculées au plus près par nos spécialistes en diététique. On découvre alors que les préparations liquides contiennent davantage de tomate que les poudres. Excepté pour la Heinz Cream of Tomato soup, aucune soupe n’atteint la quantité de tomate d’une préparation maison*, qui correspond à une vraie portion de légumes (soit 200 g pour une portion de soupe de 250 ml).
Huit des neuf préparations en poudre compensent la faible teneur en tomate par l’adjonction de glutamate de sodium. Cet additif n’a aucun goût, mais a la faculté de renforcer les arômes présents. Une manière, en quelque sorte, de tromper les papilles qui n’est pas appréciée par tout le monde.
Faible valeur calorique
Malgré toutes ces lacunes d’étiquetage, les soupes – industrielles ou maison – conservent de nombreux attraits. Les premières sont pratiques, les secondes plus naturelles. Dans les deux cas, elles sont bien rassasiantes et peu caloriques, mais ne constituent toutefois pas, à elles seules, un repas complet et équilibré. Petit bémol pour les soupes préparées: leur teneur en lipides, si faible soit-elle, est généralement constituée de moins bonnes graisses (acides gras saturés ou trans) que dans un potage réalisé soi-même avec de l’huile d’olive, à condition de ne pas y ajouter trop de crème!
Yves-Alain Cornu
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