Ainsi donc, une étude de l'Office fédéral de la sécurité alimentaire (OSAV) confirme ce que nous écrivions en 2014 déjà: les sels spéciaux ne présentent aucun avantage par rapport aux sels ordinaires (lire notre article «Le sel reste du sel, malgré des différences de prix énormes»). Au contraire: les produits de table ordinaires contiennent moins de substances indésirables que les fleurs de sels, rose de l’Himalaya ou bleu saphir de Perse. Et surtout, leur teneur en iode est plus élevée.
Or, c'est bien là l'atout numéro un du sel, en Suisse particulièrement, où, avec environ 25 mg par kilo, il est la source principale de cet indispensable oligoélément. Mais, parallèlement, on consomme beaucoup trop de sel! Pour garantir l'hydratation de l'organisme (le sel retient l'eau), 3 à 4 g par jour suffisent, alors qu'on en avale en moyenne entre 8 et 10 g. Le problème, c'est qu'il ne provient que pour 25% de la salière, le solde se trouvant dans les produits industriels: c'est ce qu'on appelle le «sel caché». Or, aucune loi suisse n'oblige ces mêmes industriels à en indiquer la teneur sur les emballages. Et si elle y figure quand même (c'est très souvent le cas), elle est fréquemment exprimée en sodium. Or, 1 g de sel ne contient que 0,4 g de sodium et il faut donc multiplier l'indication du sodium par 2,5 pour obtenir la teneur en sel...
Idem avec le sucre
Même problème avec le sucre. C'est le principal carburant de notre organisme et il est tout simplement indispensable à notre survie. Mais en choisissant les bons produits et surtout sans excès (lire notre dossier «Du sucre partout, partout», 11/2016). Or, nous en consommons presque 120 g par jour, alors que 50 g suffissent allégrement, voire même 25 g selon les dernières recommandations de l'OMS. Et là aussi, le problème vient principalement du «sucre caché», soit celui que l'industrie alimentaire ajoute un peu partout, y compris dans des pizzas, des boîtes de thon ou des paquets de chips!
Comme pour le sel, il n'y a pas d'obligation d'afficher la teneur, mais c'est le plus souvent le cas. Pour savoir comment la déchiffrer, rendez-vous ce week-end à notre stand (no. 126) au Salon suisse de la santé, où vous pourrez vous exercer grâce à un petit jeu proposé à tous les visiteurs.
Ça sature gras!
Les acides gras saturés (AGS), enfin, sont le troisième responsable de la malbouffe générale. Car ils ont, notamment, la fâcheuse tendance à s'incruster sur les parois des artères, tout comme ils accélèrent la coagulation du sang, ce qui favorise les problèmes cardio-vasculaires. Et plus la chaîne est longue, plus le problème est aigu: l'acide stéarique (18 éléments), que l'on trouve en grande quantité notamment dans la graisse de bœuf, a donc des effets nettement plus délétères que l'acide laurique (12 éléments), présent dans la noix de coco.
Or, nous pouvons nous en passer, puisque notre corps est capable d'en produire à partir... des sucres! Mais les aliments contenant beaucoup d'AGS présentent aussi des avantages, notamment lorsqu'ils sont une bonne source de calcium (produits laitiers), de vitamine A (beurre) et de fer ou de zinc (viande). Il faut donc continuer à en consommer, mais deux fois moins qu'aujourd'hui en moyenne suisse!
Là aussi, la mention sur les emballage n'est pas obligatoire, mais très fréquente. L'indication concernant les lipides est, ainsi, complétées par «dont acides gras saturé». Parfois toutefois, le qualificatif «saturé» manque, laissant la porte ouverte à toutes les interprétations...
Christian Chevrolet