En 2015, peu après l’élection de Guy Parmelin, une photo parue dans la presse avait suscité des ricanements: dans la cuisine du conseiller fédéral trônait encore un antique poste de radio des années 1970. Un élu si ringard serait-il à la hauteur de la tâche qui l’attendait?
On ignore si le ministre a mis, depuis, l’antique objet au rebut. Mais, s’il veut rester au fait de l’actualité helvétique en beurrant ses tartines, il devra s’y résoudre avant la fin de l’année: d’ici là, la RTS mettra fin à la diffusion sur les ondes FM et ne conservera que le DAB+ et l’internet.
Pour faire avaler la pilule, on multiplie les arguments: la qualité du son sera meilleure, la bande FM existante ne suffit plus et, surtout, le maintien des trois technologies (FM, internet et DAB+) coûte cher. Avare de précisions, la RTS se contente de chiffrer l’économie à quelques dizaines de millions de francs par an.
Cette évolution est inévitable et nécessaire. Admettons. Ce qui l’est moins, c’est le ton condescendant utilisé pour faire passer le message. En résumé, il suffit aux grand-mères rétives à la modernité de s’équiper. Tout sera réglé moyennant l’achat de nouveaux appareils radio et d’adaptateurs (compter plusieurs dizaines de francs pour chaque appareil). Le porte-parole va jusqu’à conseiller de les emballer sous le sapin de Noël: ça changera des bouillottes et des écharpes.
La RTS pourrait au moins reconnaître que la transition nécessite un gros effort collectif. Quelque 1,2 million de voitures sont encore équipées d’autoradios FM ou DAB, une technologie désuète elle aussi, sans compter les centaines de milliers de ménages qui se réveillent ou cuisinent encore (honte à eux?) au son des ondes FM. Pour les consommateurs, la facture se chiffrera ainsi en dizaines de millions de francs.
Ils franchiraient peut-être plus allégrement le pas si la RTS daignait au moins prononcer le mot magique: merci.
Claire Houriet Rime