La neige, le sel et le froid ne sont pas les meilleurs amis des voitures. Ni de leurs conducteurs d’ailleurs. Si l’habitacle d’un véhicule surchauffé peut donner l’illusion fugace de rouler aux Bahamas, il n’existe pas encore de solutions miracles pour transformer les congères en dunes de sable. Quelques mesures essentielles aident néanmoins à ne pas crouler sous une avalanche d’ennuis.
Pneus
On rencontre toujours des hurluberlus convaincus que de bons pneus d’été peuvent traverser la saison froide sans souci. C’est vrai aux Seychelles. C’est absurde en Suisse. Nul besoin qu’un délicat manteau blanc recouvre la chaussée pour qu’une gomme d’hiver fasse la différence. Au-dessous de 7°C déjà, sa composition lui confère une adhérence nettement supérieure sur le bitume. Et que les propriétaires de 4x4 ne se sentent pas moins concernés, car la traction intégrale ne résout pas le problème du freinage! Les gommes quatre saisons sont d’ailleurs à déconseiller, car elles offrent un mauvais compromis.
Avant de monter ses roues, encore faut-il s’assurer que ce ne sont pas des pelures élimées par les kilomètres. Si la loi exige un profil d’une profondeur minimale de 1,6 mm, le TCS recommande au moins 4 mm. On peut le vérifier en glissant une pièce de 2 fr. dans une rainure: tant que le socle de Dame Helvetia n’est pas visible, c’est qu’il reste plus de 4 mm. Si tel n’est pas le cas ou que les gommes ont plus de dix ans, l’achat d’une nouvelle monte s’impose. Les tests réalisés chaque année par le TCS sont une bonne base pour connaître la qualité des produits. Ils sont disponibles sur www.tcs.ch.
Il va sans dire que la pression des pneus doit impérativement être contrôlée lors du changement des roues, puis tous les deux mois. A ce titre, relevons que les véhicules neufs immatriculés depuis le 1er novembre 2014 doivent être équipés d’un système de surveillance de la pression des pneus (SSPP) qui avertit le conducteur en cas de sous-gonflage*.
Fluides
> Huile: les températures glaciales mettent la mécanique à rude épreuve. Il est donc important que le moteur soit bien lubrifié. Il suffit de tirer la jauge pour vérifier le niveau d’huile et, si nécessaire, d’en rajouter en respectant les grades de viscosité (p. ex. 10W40) préconisés par le constructeur. Il n’est pas inutile non plus de consulter le carnet de service pour s’assurer que la dernière vidange ne date pas du siècle dernier. Car, hormis les intervalles kilométriques à respecter, une huile devrait être changée après deux ans au plus tard.
> Liquide de refroidissement: de par son nom, il semble jouer un rôle marginal en hiver. C’est faux. Il faut en contrôler le niveau dans le vase d’expansion, lorsque le moteur est totalement froid, afin d’éviter tout risque d’ébouillantement. Ensuite, il est essentiel que le liquide n’ait rien perdu de ses qualités antigel, notamment si l’on a eu la mauvaise idée d’ajouter de l’eau pour compléter le niveau. Les garages disposent généralement d’un testeur qui indique la température négative jusqu’à laquelle le liquide résiste.
> Liquide lave-glace: gare à ne pas laisser une solution «été» dans le réservoir, au risque de crucifier la pompe et les gicleurs sous l’effet du gel. Un mélange hiver est très facile à réaliser soi-même: un tiers d’alcool ménager pour deux tiers d’eau déminéralisée et une giclée de produit à vaisselle.
Portières/serrures gelées
Pour éviter de devoir se battre avec une portière collée par l’effet du froid, on peut enduire les joints avec de la silicone, de la glycérine, voire de la vaseline, avant les grands frimas. Dans tous les cas, il est déconseillé de s’engager dans un bras de fer si le sésame refuse de s’ouvrir, car les joints risquent de vous le faire payer. Mieux vaut tenter de s’introduire par une autre portière ou, le cas échéant, verser un peu d’eau tiède. Face à une serrure gelée – et en l’absence de spray dégivrant – on peut y introduire la clé chauffée avec un briquet et répéter au besoin l’opération pour que la chaleur se diffuse.
Batterie
Sa durée de vie peut varier de trois à dix ans. Le moindre signe de faiblesse ne signifie pas pour autant qu’elle doit être remplacée sur-le-champ. Elle peut simplement être insuffisamment chargée, notamment si l’on parcourt surtout des petits trajets. Or, en fonction du type de véhicule et du style de conduite, il faut parfois une cinquantaine de kilomètres pour qu’elle soit remontée à bloc.
Et encore…
On peut conseiller aussi d’optimiser la visibilité en vérifiant l’état des essuie-glaces et le bon fonctionnement des phares. Un nettoyage de l’intérieur du pare-brise et des rétroviseurs n’est pas toujours inutile non plus. Et, pour que l’équipement du conducteur soit à la hauteur de celui de la voiture, on veillera à avoir toujours à portée de main un racloir, des gants et un spray dégivrant, entre autres. Les plus prévoyants glisseront dans leur coffre des câbles de pontage et une paire de chaînes à neige.
Yves-Noël Grin
Bonus web:nouvelle surveillance des pneus