Un bâtiment mal isolé perd près d’un quart de sa chaleur. Par les froids qui courent, l’intérêt d’avoir un logement bien isolé n’a plus à être démontré. Dès lors, pourquoi ne pas opter pour une isolation thermique par l’extérieur (ITE) en cas de rénovation avec ravalement de façade?
Très employée dans les pays nordiques, l’isolation par l’extérieur présente en effet plusieurs avantages: non seulement elle supprime de nombreux ponts thermiques, soit les points de l’habitation d’où la chaleur s’échappe facilement (jonction des planchers, par exemple), mais elle renforce encore l’inertie des murs qui se réchauffent et se refroidissent ainsi moins rapidement. D’où un meilleur confort thermique, appréciable en cas de forte chaleur aussi. L’ITE évite également le développement de moisissures dues à la condensation. Enfin, et ce n’est pas négligeable, elle conserve aussi la surface habitable d’origine et permet de continuer à habiter le logement durant les travaux, contrairement à une isolation par l’intérieur.
Enduite ou ventilée?
La technique consiste à emmitoufler le bâtiment avec une sorte de manteau, afin d’empêcher la pénétration du froid. Deux procédés sont principalement employés.
L’isolation enduite – Le matériau isolant est collé ou chevillé sur les murs extérieurs, puis recouvert d’un sous-enduit renforcé par un treillis et un enduit de finition (résine ou mélange à base de ciment et de chaux, par exemple). C’est l’idéal pour les maisons en crépi. Le polystyrène est le matériau le plus utilisé, mais il en existe d’autres, comme la laine de chanvre, la fibre de bois, la laine de verre ou encore le liège. Leur efficacité varie en fonction de la densité et de l’épaisseur choisie (lire encadré).
L’isolation ventilée – L’isolant est maintenu contre la façade par une ossature en bois ou métallique sur laquelle on fixe un bardage en bois, en PVC, en béton, en ardoise, etc.
Il existe également des crépis isolants qui se posent en une seule couche directement sur la façade. Leur efficacité est toutefois limitée par leur épaisseur relativement faible.
Il faut compter en moyenne entre 300 fr. et 400 fr. le m2, en fonction de la technique, du matériau et de l’épaisseur choisis ainsi que des particularités des parois à traiter. Si rien ne s’oppose à ce qu’on s’attelle à la tâche soi-même, la pose est toutefois complexe et les difficultés nombreuses. Mieux vaut donc faire appel à un spécialiste. A des conditions très strictes, il est possible d’obtenir une subvention de 30 fr./m2 dans le cadre du «Programme bâtiment»*.
Pas pour tout le monde
L’isolation par l’extérieur n’a toutefois pas que des qualités. La surépaisseur des murs provoque en effet une perte de luminosité des ouvertures, doublée d’un effet meurtrière dû au renfoncement des fenêtres par rapport à la façade. Pour y remédier, il est nécessaire de déplacer les fenêtres, d’où un gros surcoût à la clé.
Autre inconvénient: à cause des gonds, les volets battants sont peu adaptés à une isolation par l’extérieur. L’ITE a également la réputation d’être particulièrement sensible aux chocs. Sans compter que la technique ne se prête pas à toutes les constructions, notamment les bâtiments protégés et les façades ornées de sculptures, de frises, les nombreux balcons et parois vitrées.
Enfin, cette méthode modifie la structure externe du bâtiment et peut diminuer la distance avec les bâtiments voisins. Par conséquent, avant le début des travaux, on n’oubliera pas de demander une autorisation à la commune ou au canton, selon son lieu d’habitation.
Chantal Guyon
*Plus d’infos sur www.dasgebaeudeprogramm.ch
Un isolant efficace
On mesure l’efficacité d’un isolant par son coefficient de conductivité, exprimé par la lettre grecque «l». Plus cette valeur est faible, moins le matériau transmet de chaleur et plus il est isolant. Celle des produits les plus courants varie entre 0.028 pour la mousse de polyuréthane et 0.04 pour les polystyrènes, la laine de verre et le chanvre.
L’épaisseur, qui devrait se situer entre 16 cm et 20 cm, détermine, quant à elle, la résistance thermique, désignée par la lettre «R». Plus ce chiffre est élevé, plus le matériau est isolant. On estime ainsi que 12 cm de laine de verre ou de chanvre ont un coefficient «R» de 3, alors que 20 cm du même matériau atteindront un «R» de 5.