Le couteau suisse Victorinox, au manche rouge marqué de la croix fédérale, est l’incarnation même du couteau de poche. Les versions modernes comprennent des fonctions bien plus nombreuses que le premier modèle créé il y a 125 ans. Certaines d’entre elles incluent même une clé USB pivotante et amovible. Cela étant, la lame reste la pièce maîtresse d’un couteau. Il faut qu’elle soit tranchante et robuste afin de garantir une efficacité optimale.
Nous avons donc accordé une grande importance à la qualité des lames dans ce test de 12 couteaux de poche. Le rapport du laboratoire montre que plusieurs d’entre elles n’étaient guère tranchantes à l’état neuf et que, d’autres, ne le sont pas resté longtemps.
Produits suisses sur le podium
Globalement, trois produits seulement se sont montrés «bon»: le Free k2 de l’américain Leatherman ainsi que le Hunter pro Alox et le SH01R-WM des marques suisses Victorinox et Swiza (voir tableau). Le Free k2, arrivé en tête, obtient de bonnes ou de très bonnes notes à tous les critères. Mais c’est aussi le couteau le plus cher (118 fr.). Le Hunter Pro de Victorinox, est, lui aussi, relativement coûteux (99 fr.). En contrepartie, il tient très bien dans la main et résiste aux chutes et à la corrosion.
Ils perdent leur tranchant
Aucun canif n’est resté aussi tranchant sur la durée que des couteaux de cuisine haut de gamme. Nous avons testé ces derniers en janvier 2020 (lire «14 couteaux de cuisine: une bonne lame sans se saigner»). Le vainqueur, le Tadafusa Sanjo S-43, avait obtenu des résultats trois fois supérieurs au même test de coupe que le modèle de poche le plus efficace.
Le Remix de Gerber Gear, le Folding Hunter de Ka-Bar et le 37 de Deejo étaient, de loin, les moins performants. Umarex, fabricant du Everyday Knife de Walther critique le test de coupe effectué, estimant qu’il ne correspond guère à la réalité: le coutelier estime qu’il s’agit d’obtenir, lors de la fabrication, le bon compromis entre un tranchant fin et acéré et une lame plus épaisse et plus stable.
Un autre critère de qualité est la dureté de l’acier utilisé. Les meilleurs du test ont montré, ici, une qualité similaire à celle des couteaux de cuisine de haute qualité en acier japonais.
Victorinox et Swiza résistent à l’eau salée
Les experts ont aussi évalué la résistance à la corrosion en plongeant, à plusieurs reprises, nos achats dans une solution saline pendant six heures. A l’aide d’une loupe, ils ont ensuite dénombré les piqûres de corrosion ainsi que les fissures qui se sont formées sur la lame. Cinq d’entre elles ne brillaient plus après ces bains salés. Le Puma Tec, qui a le meilleur tranchant, s’est montré le plus sensible à la corrosion. Plus l’acier a été attaqué, plus la note est basse.
Il faut toutefois tenir compte du fait que, à l’usage, les couteaux ne seront guère soumis à des conditions aussi extrêmes que celles du test de corrosion. En outre, on peut réduire le risque d’apparition de rouille par un entretien correct: il est important de garder le couteau au sec et de frotter de temps en temps avec quelques gouttes d’huile. Le Victorinox Hunter et le Swiza SH01R-WM ont bien résisté à l’immersion dans l’eau salée, puisque aucune trace notable de corrosion n’est apparue. On pourrait donc les utiliser sans problème pour la pêche ou la voile en mer.
Les couteaux ont passé sans problème l’épreuve des cinq chutes. Seul le 37 de Deejo a fait mauvaise impression: un morceau de la plaquette en bois du manche s’est brisé et le cadre métallique a été tordu. Le fabricant explique avoir voulu créer un couteau particulièrement léger et fin. En cas de dommages, les clients recevront gratuitement une pièce de rechange pour le manche.
Andreas Schildknecht / seb
Les critères du test
Les experts du labo ont testé douze couteaux de poche selon les critères suivants:
1. Qualité de la lame
Soumis à une pression, les couteaux ont coupé une pile de papier. La profondeur des entailles a été mesurée après trois et soixante utilisations. Les experts ont également noté la dureté des lames à l’aide d’un outil diamanté qui a mesuré la résistance à la pression.
2. Robustesse
Combien de fissures et de traces de corrosion apparaissent sur les lames, plongées à plusieurs reprises dans de l’eau salée pendant six heures? En outre, chaque pièce a été lâchée à cinq reprises d’une hauteur de 1,2 m.
3. Test pratique
Les experts ont ébranché une tige, coupé du bois vert et un poisson avec sa peau. Ils ont également tranché un câble en plastique de huit millimètres d’épaisseur en évaluant la force nécessaire et la propreté des coupes.
4. Ergonomie du manche
Une experte a examiné si les couteaux tenaient bien dans la main et si les manches avaient des bords anguleux gênants. Peut-on se pincer ou se coincer les doigts? Peut-on tenir le couteau en toute sécurité même lorsqu’il est mouillé?