Montres et bracelets connectés fournissent pléthore d’informations qui permettent de mesurer l’activité physique au quotidien et de monitorer ses performances. Les modèles les plus simples offrent au moins des données sur la fréquence cardiaque, la distance parcourue, les calories brûlées ou encore le suivi du sommeil. Évaluer ses efforts est devenu quasiment la norme, qu’il s’agisse de reprendre une activité physique, se maintenir en forme ou améliorer ses performances. Comment utiliser à bon escient ces accessoires? Nos conseils.
Mesurer ses pas: une bonne idée?
La marche est aujourd’hui un des baromètres de l’activité physique les plus répandus. La majorité des smartphones intègrent une application de podomètre. Accessible à tous et peu risquée, la marche a de nombreux effets bénéfiques sur la santé. Combien faut-il faire de pas par jour? La question n’est pas tranchée. Largement diffusée par les organes de promotion de la santé, la recommandation d’effectuer 10 000 pas par jour n’a aucune valeur scientifique. Elle est née d’une campagne publicitaire pour un podomètre japonais lors des Jeux olympiques de Tokyo en 1964, avant d’être reprise à travers le monde.
«Cette valeur a été trop prise au pied de la lettre», souligne Stéphane Borloz, médecin du sport à la Clinique Bois-Cerf, à Lausanne. «Un cycliste ou un nageur qui n’a pas marché 10 000 pas aura fait bien assez d’activité sportive durant la journée», fait-il remarquer. En clair, les recommandations doivent être adaptées à chaque individu. Selon une étude publiée dans la revue scientifique britannique The Lancet, le nombre optimal de pas à faire sur une journée est probablement plus proche de 6000 à 8000 pas par jour. En résumé, le podomètre est surtout utile pour faire un état des lieux et inciter le sédentaire à augmenter son activité physique quotidienne.
A quoi sert un cardiofréquencemètre?
Conçu pour l’élite, un cardiofréquencemètre peut rendre service aux sportifs occasionnels, à condition de bien l’utiliser. Adoptés par les joggeurs, ces appareils connectés sont devenus plutôt fiables pour prendre le pouls. Concrètement, des capteurs optiques sous la montre envoient de la lumière à travers la peau pour atteindre les vaisseaux sanguins du poignet. Ces appareils permettent de découper les valeurs de fréquence cardiaque en différentes zones. Le coureur pourra ensuite identifier la zone dans laquelle il s’entraîne ou court en compétition et gérer ainsi son effort. Ces zones d’entraînement sont basées sur des valeurs statistiques et ne sont donc pas toujours adaptées. Un test d’effort dans un centre de médecine du sport permettra d’obtenir des données plus précises.
Le cardiofréquencemètre peut également être utile pour des patients cardiaques. Les médecins recommandent souvent aux convalescents une activité physique à intensité contrôlée. Enfin, la mesure du pouls peut également être préconisée dans un objectif de perte de poids, accompagné par exemple par un diététicien.
Les mesures des calories sont-elles fiables?
Connaître la quantité de calories brûlées durant l’effort est intéressant sur le papier. La mesure de la dépense énergétique n’est toutefois pas du tout fiable, avertissent les experts. «Il faut l’oublier», affirme Stéphane Borloz. «Il y a trop de paramètres à évaluer pour savoir combien de calories vont être réellement grillées», explique-t-il. Un constat confirmé par un récent test effectué sur dix capteurs d’activité par l’émission A Bon Entendeur de la RTS. La méthode de calcul induit une trop grande marge d’erreur. Concrètement, le cardiofréquencemètre déduit le nombre de calories brûlées en fonction du rythme cardiaque. Le calcul est pondéré par l’âge, le poids, la taille et le sexe. La consommation réelle dépend de nombreux autres facteurs, comme le métabolisme de base et la masse musculaire. Inutile donc de se fier à cette fonction «calories», même si sa principale motivation est de perdre du poids. La prise en compte de cette donnée peut même devenir une source d’incompréhension en cas de stagnation ou de prise de poids.
Quelle montre pour un sportif amateur?
Face à l’offre pléthorique, le consommateur peut légitimement se sentir perdu. Sur quel article porter son choix: une montre ou un bracelet? La première se définit plus comme un prolongement du smartphone que comme un capteur d’activité. Cela étant dit, la distinction entre les deux est de moins en moins évidente. Les fonctions comme les prix se rejoignent de plus en plus. La montre s’utilise désormais souvent au quotidien pour le suivi des mesures de santé. Concrètement, il faut cibler ses besoins. Du modèle d’entrée de gamme, suffisant au débutant, au modèle de luxe aux fonctions plus sophistiquées, chacun trouvera son compte selon son budget. La gamme de prix s’étend de 40 à 400 fr. «Avec un modèle très haut de gamme, 90% des données récoltées sont potentiellement inutiles», estime Virgile Lecoultre, responsable du laboratoire de physiologie du sport et de l’exercice de l’Hôpital de La Tour, à Meyrin (GE). Si on débute la course à pied, les mesures de la distance parcourue, de la vitesse et de la fréquence cardiaque devraient suffire dans un premier temps. L’ergonomie et la facilité d’utilisation sont primordiales. Il est donc recommandé d’aller en magasin et d’essayer ces accessoires, avant d’acheter.
➛Une source de motivation?
«Les appareils connectés ont beaucoup motivé les personnes sédentaires à exercer une activité physique régulière et à plus bouger», relève Stéphane Borloz. Nombre de personnes ont constaté qu’elles avaient une activité insuffisante. Selon Virgile Lecoultre, l’effet est à double tranchant. «Certains patients s’enferment dans des objectifs peu réalistes et se retrouvent dans une situation de stress chronique. Il faut alors s’éloigner des mesures en continu pour se soulager de cette pression constante», relève-t-il.
Utiles, ces accessoires ne sont pas pour autant indispensables et ne remplacent pas les sensations. Le but du sport est de se faire plaisir, de se vider la tête et de faire du bien à sa santé. Il faut savoir se déconnecter, résument les experts interrogés. Si les amateurs utilisent beaucoup ces outils, les sportifs professionnels apprennent progressivement à s’en passer et à devenir autonomes. En ce sens, la technologie doit plus être considérée comme une alliée pour apprendre à se connaître et développer ses capacités.
Pour en savoir plus: «Je bouge connecté-e – Mesurer son activité physique grâce aux outils numériques», Bastien Presset et Davide Malatesta, Planète Santé, 2021.
Alexandre Beuchat
A retenir
- Privilégier le plaisir La meilleure activité physique est celle que l’on pratique régulièrement avec plaisir et sur le long terme.
- Cibler ses besoins et ses objectifs De quelles fonctions ai-je réellement besoin? Il faut identifier clairement ses objectifs: se remettre au sport, perdre du poids, préparer une course populaire, améliorer ses performances, etc.
- Tester les accessoires Demandez conseil en magasin à un spécialiste et essayez les montres et capteurs d’activité. L’ergonomie et la facilité d’utilisation de ces appareils connectés varient beaucoup selon les modèles.
- Apprendre à se déconnecter L’hyperconnexion est source de stress. Idéalement, on différenciera les fois où on a besoin de ces technologies pour atteindre ses objectifs et quand on peut s’en passer (promenade en forêt, randonnée entre amis).
- Ne pas hésiter à consulter En cas de doute, les médecins de premier recours sont de bon conseil. En fonction de ses objectifs, un test d’effort dans un centre de sport peut être utile pour structurer précisément son entraînement.