Elle est pourtant esthétique et, à condition d’être posée dans les règles de l’art par un spécialiste, présente de nombreux avantages: rétention des eaux de pluie (entre 50% et 80% des précipitations annuelles), amélioration de la biodiversité, meilleure isolation phonique et thermique du bâtiment ou encore allongement de la durée de vie du toit (50 à 60 ans en moyenne pour une toiture végétalisée, contre 25 ans seulement pour un toit plat en gravier).
Selon la nature du support, sa résistance, sa surface et son inclinaison, deux types de végétalisation sont envisageables.
- Intensive: un véritable jardin est aménagé sur un toit qui doit être en béton, plat ou en légère pente (moins de 5%). Il nécessite une couche de terre de 20 cm à 50 cm d’épaisseur, un entretien régulier et son poids peut dépasser les 200 kg/m2 à saturation d’eau, une charge importante que certains bâtiments ne peuvent pas supporter.
- Extensive: un tapis végétal – de 60 kg à 100 kg/m2 à saturation d’eau – remplace le jardin. Ce système convient aux toitures plates ou en pente jusqu’à 40% ainsi qu’à la plupart des ossatures (acier, béton, bois, etc.), à l’exception des tuiles et de l’ardoise. Dès 10 à 15 degrés d’inclinaison, un système antiglissement devra toutefois être installé. L’entretien se résume à contrôler une à deux fois par an l’état du tapis végétal, à vérifier que les écoulements ne sont pas bouchés et à arracher les plantes et arbustes qui se seraient implantés.
Couche de substrat décisive
Techniquement le toit extensif ressemble à une sorte de sandwich composé de plusieurs couches – plus rarement d’une seule – qui favorise la croissance des plantes, tout en évitant de causer des dégâts au bâtiment. Un revêtement d’étanchéité est posé sur la structure portante du toit, suivi d’une protection antiracines, une couche drainante, une couche filtrante, puis une couche de substrat minéral dont l’épaisseur aura une influence décisive sur la réussite (ou non) de la végétalisation. Selon l’Association suisse des spécialistes du verdissement des édifices (ASVE), cette dernière couche devrait idéalement avoir entre 10 cm et 12 cm, mais 8 cm au minimum: au-dessous, la végétation est insuffisante et parsemée, voire inexistante. Afin d’éviter des déconvenues, mieux vaut donc spécifier clairement l’épaisseur souhaitée et ne pas hésiter à la contrôler.
La couche de végétation enfin est constituée principalement de plantes robustes, aux racines peu profondes comme les sedums, les graminées ou certaines plantes ou fleurs sauvages. Elle est réalisée par semis, boutures, plantations, nattes ou rouleaux précultivés. Avant de vous engager auprès d’une entreprise, exigez des preuves de résultat: demandez-lui de vous fournir une liste des bâtiments qu’elle a végétalisés au cours des cinq dernières années et allez vérifier le résultat sur place!
Procédé coûteux
Et le prix dans tout ça? Verdir un toit coûte nettement plus cher qu’une simple couche de gravier. Selon la méthode employée (semis, boutures, etc.), compter entre 20 fr. et 80 fr. le m2 pour une toiture extensive plate, contre une dizaine de francs pour un toit de gravier.
Attention toutefois: un aménagement après coup fera grimper l’addition: l’étanchéité du toit devra être contrôlée par un spécialiste et refaite, le cas échéant. Sans parler de l’architecte ou de l’ingénieur à qui il faudra faire appel afin de s’assurer que la charpente est suffisamment robuste pour supporter le poids de la végétation. Bref, mieux vaut planifier l’installation dès la conception de la maison.
Chantal Guyon