«Il y a deux ans, des pigeons ont commencé à squatter mon balcon. C’est pareil chez mes voisins. On n'arrive pas à s’en débarrasser!» Nicole* habite les hauts de Lausanne. Et, comme pour beaucoup de gens, ces oiseaux de la famille des columbidés lui sont plus synonymes de guerre que de paix. Mais quelle stratégie adopter? Car entre les forums sur internet et les suggestions des vendeurs, il est difficile de trouver des conseils objectifs.
Avant tout, les pigeons aiment les agglomérations pour leurs ressources alimentaires. Ces dernières proviennent généralement de deux sources: les déchets comestibles et les nourrisseurs. Trop de gens continuent, en effet, de les nourrir, alors que cette démarche est parfois interdite, dans le canton de Vaud notamment.
Nourrir les pigeons leur fait du mal
Gérard Cuendet, biologiste mais aussi désinfestateur, est en charge des questions relatives aux pigeons en ville de Lausanne. Il explique: «Les gens qui les nourrissent leur font paradoxalement plus de mal que de bien. Car cela entraîne une plus grande natalité. Or, comme le nombre d’adultes reste stable, cela veut dire qu’il y a plus de pigeonneaux qui meurent.»
La première étape, lorsqu'une forte présence de pigeons est constatée, que cela soit sur un balcon, des fenêtres ou une terrasse, consiste donc à essayer de résoudre le problème à la source, en discutant éventuellement avec ses voisins. Quelqu’un les nourrit-il? Y a-t-il des déchets comestibles à proximité? «Car on peut faire tout ce qu’on peut pour qu’ils partent, s’ils ont un intérêt alimentaire à se trouver là, ils reviendront», déclare l’expert.
Néanmoins, il est parfois difficile, voire impossible, d’empêcher la présence de déchets comestibles, notamment quand on habite au centre-ville. La solution vient alors des systèmes antipigeons vendus aux particuliers ou installés par des professionnels. Mais que valent-ils?
Filets efficaces
Les filets restent le moyen le plus efficace pour éviter que votre terrasse ou votre balcon ne finisse en perchoir permanent. Gérard Cuendet conseille de demander une garantie de cinq ans sur le produit acheté ou posé par une entreprise. L’installation peut être réalisée par un particulier, mais il convient de la faire avec précaution pour ne laisser aucune entrée aux volatiles. Des filets avec un maillage de 50 mm sont suffisants. «Ceux destinés aux poules sont efficaces et parfois moins chers», ajoute l’expert. L’installation sur un balcon classique par un professionnel coûte entre 500 fr. et 1000 fr.
Les piques ou autres fils tendus sont une alternative possible, mais avec une efficacité moindre. Les pigeons, lorsqu’ils sont tenaces, arrivent en effet à casser ce genre d’installations.
Les CD ne servent à rien
Concernant les autres systèmes antipigeons, Gérard Cuendet est plutôt sceptique: «Les gadgets à ultrasons qu'on trouve sur internet ne servent à rien. Idem pour les moyens odorants, puisque les pigeons, comme les oiseaux en général, ont très peu… d’odorat.»
Accrocher des CD censés refléter la lumière non plus: «Je suis intervenu récemment chez des particuliers pour enlever des nids. Ils avaient installé un rideau avec de vieux CD. Les pigeons passaient à travers!»
Il cite néanmoins deux trucs qui pourrait fonctionner. Le premier est la pose de fausses corneilles. «J’ai toujours pensé que ce n’était pas efficace. Mais j’ai récemment vu un particulier en mettre plusieurs, les unes à côté des autres, et cela semble faire peur aux pigeons.»
Le deuxième est une nouveauté: un gel spécial placé dans des coupelles qui réfléchit des UV et donne l’impression aux oiseaux de voir des flammes. Il est vendu sous le nom de Bird Free. «Il paraît que cela fonctionne, mais, comme c’est assez récent, il faudra voir s’il s’agit d’une solution durable», nuance-t-il. On trouve cette préparation brevetée sur différents sites internet spécialisés aux alentours de 70 fr.
Loïc Delacour
*Nom d’emprunt.
Pas de responsabilité communale
Lorsque plusieurs appartements ou maisons sont pris d’assaut par des pigeons, la municipalité peut-elle être interpellée afin de régler le problème? «Les villes ne sont absolument pas responsables, tranche Gérard Cuendet. Les oiseaux sont considérés comme des «biens sans maître». C’est donc à leur bon vouloir qu’elles interviennent.»
Quant au vétérinaire cantonal, il peut être averti, mais dans le cas ou plusieurs oiseaux morts sont retrouvés au même endroit. Il s’agit, précisément, d’éviter la propagation d’épizooties de type grippe aviaire ou maladie de Newcastle.