J’ai enfin décidé de corriger la faute d’orthographe sur mon nom de famille. Après vingt ans à voir mon patronyme charcuté sur les pièces d’identité et autres papiers administratifs, les relevés bancaires, les comptes de réservation sur internet, bref, un peu partout... «Dandrès» au lieu de «D’Andrès». Pas un drame, mais quand même déroutant: on ne sait plus comment on s’écrit par ici, et comment dans ce coin-là.
L’erreur remonterait aux années 1940 à 1970: selon ce que m’a expliqué mon canton d’origine, un employé communal aurait mal retranscrit mon nom de famille. A l’ère d’internet, la faute d’orthographe est recopiée dans un registre numérique, puis sur le registre fédéral. Les nouveaux passeports (de l’époque) y puisent leurs données, et voilà que l’apostrophe et la majuscule se retrouvent aux abonnés absents. Comme mes proches, je n’ai pas demandé de tout refaire illico: à l’époque, l’erreur simplifiait la réservation de billets de train ou d’avion en ligne, les formalités aux douanes, etc.
Oui mais voilà... Des années plus tard, impossible de faire valoir qu’il y a eu méprise quelque part. Pour modifier, il faut payer. Et plutôt cher. Emolument pour la procédure de changement de nom lancée dans ma commune d’adoption: 195 fr., frais inclus. Je dois aussi fournir des extraits récents du casier judiciaire (17 fr.) et du registre des poursuites (18 fr.), ainsi qu’une attestation de domicile (10 fr.) toute fraîche. Soit un total de 50 fr. de plus, si on rajoute 5 fr. pour l’envoi du dossier par la Poste, avec suivi.
La procédure de changement de nom n’a pas posé de problème. Au contraire, c’était rapide et sans accroc! J’aurais quand même apprécié qu’on m’informe des implications, notamment la commande obligatoire d’un nouvel acte d’origine dans ma commune valaisanne. Coût: 30 fr., plus 20 fr. pour «déposer» le sésame au contrôle des habitants dans ma ville. Avec le passeport et la carte d’identité à refaire (158 fr.), le total montera à 453 fr., s’il n’y a pas d’autres surprises. Autrement dit, 226.50 fr. pour l’apostrophe, et le même montant pour le «A» majuscule. Des caractères déjà présents dans mon patronyme d’origine, mais qui se sont envolés je ne sais où.
Comme quoi le battement d’ailes d’un papillon en Valais peut provoquer une tornade dans un porte-monnaie à Fribourg. Même s’il s’est produit dans les années 1970.