Le babyphone est plus qu’un appareil à la mode et peu de parents seraient prêts à renoncer aux services de cette baby-sitter électronique. Mais la palette des prix et des options proposées est si vaste qu’il est difficile de choisir le modèle qui convient le mieux.
Pour cerner les qualités et les défauts de ces appareils, Bon à Savoir en a fait tester neuf. C’est l’institut allemand ipi, spécialisé en recherche et information sur les produits, qui a jugé les qualités de transmission de ces émetteurs, tandis que la société d’écobiologie Maes, également en Allemagne, s’est occupée de mesurer le rayonnement qui émane de ces appareils.
De très nettes différences ont été observées en ce qui concerne la qualité de transmission. Celle-ci a été évaluée par trois mesures.
> Portée de transmission:
Le Philips SBC SC477 Dect, qui utilise la même technologie digitale que les téléphones fixes sans fil, sort franchement du lot dans cette première phase du test, effectuée sur en terrain dégagé: les spécialistes ont mis
fin aux essais alors que la liaison était toujours irréprochable, bien que l’émetteur et le récepteur étaient séparés d’un kilomètre.
A l’inverse, le moins bon, le Comtel CT-1600, n’a pas dépassé une portée de 100 m, alors que le fabricant annonce 400 m. Comtel a mis en doute ces résultats, mais une deuxième mesure réalisée par l’ipi pour vérification, a donné le même résultat. Ce modèle, tout comme celui de Hartig & Helling, s’est donc vu retirer 10 points de son total pour n’avoir pas atteint le rayon d’action promis sur l’emballage.
> Murs à franchir:
Le deuxième exercice demandé aux babyphones consistait à établir la liaison alors que l’émetteur et le récepteur étaient séparés par des murs en béton.
L’émission du modèle SBC SC361 de Philips a traversé six murs, tandis que celle du Super Comtel FD-D3, du Hartig & Helling, du Switel et du Foppapedretti n’ont réussi à franchir que cinq parois.
Le modèle Dect de Philips n’a pas confirmé sa suprématie et s’est montré moins à l’aise face à ces obstacles: après trois murs, la liaison était interrompue. Mais le plus mal noté, le Sailor, n’a réussi à passer qu’une seule paroi.
> Interférences:
L’institut ipi a encore vérifié si les babyphones subissaient des interférences, entre eux ou avec d’autres appareils électriques, comme un sèche-cheveux ou un robot de cuisine. Quatre modèles ont montré une très faible sensibilité aux interférences, à savoir le Super Comtel, le Tefal, le Sailor et le modèle Dect de Philips.
> Consommation d’énergie:
Enfin, la consommation d’énergie a aussi fait l’objet de mesures et il s’avère
que l’appareil digital de Philips est extrêmement gourmand en mode stand-by: avec 4,2 Watts par heure, il consomme cinq fois autant que le plus économique, le Switel (0,8 W/h).
Bon bilan technique
Si on s’en tient au seul bilan de la qualité de transmission, six appareils obtiennent donc de bons résultats (voir tableau):
¬ le Super Comtel;
¬ les deux modèles de Philips;
¬ le Tefal;
¬ le Switel;
¬ le Foppapedretti.
> Ondes radio:
Les analyses portant sur le rayonnement – ondes radio et ondes électromagnétiques – se révèlent, hélas, nettement moins bonnes.
Bien qu’aucune norme légale n’existe en matière d’ondes radio pour les babyphones, les valeurs enregistrées (à 1 m des émetteurs) pour deux des appareils – le CT-1600 de Comtel et SBC SC477 Dect de Philips – dépassaient entre 900 et 1000 fois celles préconisées par les écobiologistes. Et la plupart des autres babyphones affichaient tout de même des valeurs au moins 100 fois supérieures aux recommandations des scientifiques.
Cette radiation se produit lorsque les émetteurs se mettent en marche et transmettent les bruits provenant de l’enfant. Un inconvénient qu’on ne peut éviter, mais qui ne porte pas trop à conséquence, puisque, en général, les parents ne laissent pas leur enfant pleurer longtemps avant d’intervenir et d’éteindre l’appareil.
> Rythme d’émission:
Ce qui est plus préjudiciable en revanche, ce sont les ondes envoyées à intervalles réguliers par la plupart des babyphones, quand ce n’est pas carrément en permanence. Ce système permet de contrôler la liaison avec le récepteur et de signaler, par une alarme, toute interruption. «Ce n’est vraiment pas nécessaire!», estime Wolfgang Maes. De plus, ce rayonnement supplémentaire se paie cher: tous les appareils de notre test offrant cette option coûtent plus de 100 fr.
Le modèle SBC SC477 Dect de Philips fait non seulement partie des émetteurs permanents, mais il est aussi le seul à recourir à la technologie des ondes pulsées. Or, des mises en garde médicales font un lien entre le système Dect et l’augmentation importante des maladies chroniques.
Le magazine allemand Öko-Test qualifie les babyphones au standard Dect de «scandale». A ce sujet, l’Office fédéral allemand de protection contre les radiations relève qu’un «séjour prolongé à proximité immédiate d’une base émettrice Dect devrait être évité». Les stations de base ne devraient donc pas se trouver dans une chambre d’enfant. Problème toutefois: où faut-il placer l’émetteur d’un babyphone utilisant ce système, si ce n’est près de l’enfant?
> Ondes électromagnétiques:
En plus des ondes radio, les babyphones dégagent des ondes électromagnétiques, tout comme leur câble et leur prise. Là aussi, aucune valeur limite n’a été spécifiquement édictée. Les écobiologistes se réfèrent donc à d’autres normes et recommandations. Ils ont retenu la norme appliquée aux places de travail dotées d’un ordinateur, laquelle exige qu’à 30 cm de l’appareil les émissions ne dépassent pas les 10 V/m. Résultat: pas un des babyphones du test ne répond à cette norme! Toutefois, à cette distance, de même qu’à 1 m (voir tableau), le Super Comtel affichait des chiffres nettement plus bas que ses concurrents.
Toujours en ce qui concerne les ondes électromagnétiques, on se demande si on ne nage pas en plein cauchemar avec les capteurs livrés avec le babyphone de Foppapedretti, à placer sous le matelas du bébé. Ceux-ci sont censés déclencher une alarme si l’enfant venait à cesser de respirer. Une véritable aberration, quand on sait que le rayonnement électromagnétique est considéré comme une cause possible de la mort subite du nourisson!
Champs électriques
«Les fabricants de babyphones exposent les enfants à des champs électriques bien plus élevés que ce qu’on considère comme néfaste pour les adultes, s’indigne l’éocobiologiste Wolfgang Maes. Pourtant, il suffirait d’une bonne mise à terre et d’une meilleure isolation des câbles pour que le problème soit réduit.»
Mais, à en croire notre sondage auprès des fabricants, ils n’ont guère la volonté de fournir un effort dans ce sens. Seul Comtel nous a assuré vouloir, à l’avenir, proposer des câbles mieux isolés. Ce qui ne laisse pas beaucoup d’espoir de voir les chambres d’enfant débarrassées de leur électrosmog.
Rolf Muntwyler / jf
Conseils d’utilisation
Pour éviter les rayonnements
> Renoncer à un babyphone qui émet des ondes en permanence.
> Utiliser l’appareil avec parcimonie: si l’adulte se trouve dans une pièce peu éloignée, il entendra aisément les pleurs du bébé sans l’aide de cet accessoire.
> Placer l’appareil aussi loin que possible du lit de l’enfant. D’après notre test, à quatre mètres, on enregistre encore des ondes radio, mais plus les ondes électromagnétiques.
> Débrancher complètement l’appareil lorsqu’on n’en a pas besoin. En effet, même en «stand-by» l’appareil, le câble et la prise dégagent des ondes électromagnétiques.
> Régler le babyphone sur le degré de sensibilité le plus bas. Ainsi, il ne se déclenchera qu’aux cris de l’enfant et ne captera pas des bruits parasites.
> Eviter le passage de fils électriques autour ou sous le lit de l’enfant.