Cyberharcèlement, arnaques, perte de données ou usurpation d’identité: les risques liés à l’utilisation d’internet ne cessent de croître. Ce phénomène n’a pas échappé aux assurances. Il est désormais possible de se protéger contre cette nouvelle sorte de menaces. Surfer, acheter et réseauter sur la toile en toute sérénité? La promesse est tentante, mais ces polices ne sont pas, pour autant, indispensables.
En principe, l’assurance internet est plutôt conclue en complément à une assurance ménage ou une protection juridique. Avec la Mobilière et Helvetia, la cyberprotection ne peut être souscrite que dans le cadre d’une assurance ménage. Les autres compagnies proposent, en revanche, une police spécifique, dont la prime annuelle varie entre 40 fr. et 110 fr.
La majorité des polices offrent un paquet de prestations. Chez d’autres, comme Axa, on peut souscrire séparément chaque module. Les services couvrent un large spectre de risques, bien au-delà des mésaventures endurées lors d’achats en ligne. Généralement, aucune franchise n’est prévue. Certaines compagnies, comme Generali, fixent une quote-part de 10% de l’indemnisation.
Achats en ligne: La plupart des prestataires offrent une protection des achats sur internet. Les dommages, les erreurs d’envoi ou la non-livraison des marchandises sont indemnisés. Bâloise ou la Mobilière paient un maximum de 20 000 fr. par sinistre. Chez Groupe Mutuel, la somme est limitée à 10 000 fr., tandis que la couverture est réduite à 1000 fr. pour le Livret protection internet du TCS. Attention toutefois à ne pas s’assurer à double, car certains risques sont déjà couverts par les cartes de crédit.
Usurpation d’identité: Ces cyberassurances couvrent la perte financière encourue dans le cas de transactions frauduleuses de données personnelles. Parmi ces sinistres, on peut citer l’utilisation abusive des cartes de crédit ou des transactions bancaires privées effectuées en son nom. Dans les faits, ces risques sont supportés par la banque et non par l’épargnant. En cas d’utilisation abusive de la carte de crédit par des tiers, le client n’est généralement responsable que s’il a agi avec négligence grave. Dans cette situation, les assurances ne paient généralement rien non plus.
Perte de données: Les compagnies prennent en charge les frais de récupération des données sur les disques durs endommagés ou les smartphones, par exemple en cas de piratage ou d’infection par un logiciel malveillant. Toutefois, la nécessité d’une récupération de données personnelles ne se présente que rarement. De plus, l’assurance ne peut pas garantir leur restauration. Raison pour laquelle il est préférable, pour un internaute standard, de prendre ses précautions en faisant des sauvegardes régulières, plutôt que de contracter une police spécifique.
Atteintes à la personnalité: Certaines polices promettent de rétablir une bonne réputation, par exemple en supprimant des contenus indésirables sur internet. En cas de harcèlement en ligne ou de diffamation, des assurances prennent en charge les frais d’un éventuel soutien psychologique. La couverture est limitée entre 1000 fr. et 3000 fr. par cas. Si besoin, Bâloise, avec sa formule Safe Surf, couvre même les frais d’un déménagement ailleurs en Suisse jusqu’à concurrence de 3000 fr.
«Avant de souscrire une assurance supplémentaire, nous conseillons d’abord de prendre toutes les mesures de précaution possibles, à titre privé, pour se protéger contre ces risques», souligne Vojislav Mijic, spécialiste en assurances chez VZ. L’expert recommande de lire attentivement les conditions générales (CGA) de chaque compagnie pour repérer les exclusions. Une protection juridique privée peut quand même être intéressante. De plus en plus, celle-ci englobe déjà les risques liés à internet.
Alexandre Beuchat