La maison s’élève à l’orée du village d’Ecuvillens, sis entre Bulle et Fribourg. Ses façades noires en bois et ses tuiles traditionnelles évoquent les constructions rurales. Les cinq pièces de vie sont ouvertes sur les champs par de grandes baies vitrées et guident le regard jusqu’aux contreforts des Préalpes fribourgeoises.
Elle a coûté 649 650 fr., sans le terrain, qui appartient à la famille. Ses propriétaires, un jeune couple encore sans enfant, la souhaitaient écologique et toute de bois. Mais, pour y parvenir, en respectant le budget, il a parfois fallu jouer serré.
Ecologique, et donc 10% plus cher
«Le surcoût pour qu’une maison soit écologique est d’environ 10%, explique son architecte, Jean-Luc Rime. Par mesure d’économie, nous l’avons donc construite sans sous-sol, mais en aménageant des locaux de rangement à chaque étage et un grand local technique à l’arrière.»
Le choix du bois, en revanche, a allégé le coût de la construction, car le chantier ne s’éternise alors pas. Tous les éléments sont préparés en atelier, puis assemblés sur le terrain presque en un tour de main: «Il a fallu un mois pour mettre en place les fondations et les canalisations, un seul jour pour monter les structures en bois et mettre la maison hors d’eau, puis trois mois pour aménager l’intérieur et l’extérieur», commente l’architecte.
Chauffage ingénieux
Pour le côté écologique, ils ont notamment choisi de bâtir les façades en sapin blanc, un bois de la région, plus résistant que l’épicéa, et nécessitant peu d’énergie grise pour le transformer. Les peintures sont à base d’huile naturelle et les sols en lino, soit un mélange d’huile de lin et de sciure. La maison est, de plus, isolée à l’aide d’un épais manteau de 22 cm, également à base de fibres de bois indigène. Il fallait bien ça, car les propriétaires ont choisi de chauffer leur maison à l’aide d’un unique fourneau central à pierre ollaire (lire TCF 10/2008). Le fourneau et la pose ont coûté 15 600 fr., contre 24 000 fr. pour un chauffage à mazout.
«Toute la maison a été conçue en fonction de ce fourneau, explique l’architecte. Une épaisse isolation et des fenêtres à triple vitrage (environ 5000 fr. de plus que des vitres standard), conservent la chaleur à l’intérieur. Et, surtout, nous avons aménagé l’espace en plan libre, c’est-à-dire qu’il est décloisonné, afin de permettre à la chaleur, diffusée par le fourneau, de se propager facilement et de monter dans les chambres de l’étage.»
Un système de ventilation contrôlée double flux (10 600 fr.) récupère aussi l’air chaud de la cuisine et de la salle de bain, dans un échangeur, qui l’utilise ensuite pour réchauffer l’air froid venant de l’extérieur.
Enfin, 5 m2 de panneaux solaires thermiques sur le toit se chargent de l’eau chaude, les jours de beau temps. «Et, là, on s’est pas mal bagarré sur le prix avec les fournisseurs, car leurs premières offres de kits solaires étaient entre 15 000 fr. et 17 000 fr. Ils se prenaient donc une énorme commission au passage, s’énerve Jean-Luc Rime. Mais, finalement, on a réussi à les faire descendre à 10 060 fr.»
Casse-tête des subventions
Ces panneaux ont fait l’objet d’une subvention: 1000 fr. C’est maigre et c’est aussi la seule dont ont pu bénéficier les propriétaires. Leur maison est certifiée Minergie, mais cela ne suffit plus pour recevoir une aide de l’Etat de Fribourg ou de la Confédération. En revanche, ils ont dû dépenser 807 fr. de frais administratifs pour obtenir ce certificat écologique et payer 2000 fr. un ingénieur spécialisé pour remplir les formulaires. «Décrocher le label est un vrai casse-tête. Au bureau Minergie, ils sont devenus plus fonctionnaires que l’administration de l’Union soviétique à la grande époque, tempête l’architecte. Chaque année, leurs exigences changent, leurs formulaires aussi, et l’ingénieur perd de plus en plus de temps à les remplir. Et tout cela pour ne toucher, au final, aucune subvention!»
Espérons que le pesant label permette tout de même aux propriétaires de décrocher une hypothèque à taux préférentiel, certaines banques offrant une réduction pour les maisons certifiées Minergie. Et cela reste aussi un atout en cas de vente. Pour l’heure, le couple est surtout occupé à aménager sa nouvelle maison, puisqu’il y a posé ses cartons le jour de la Saint-Valentin. Une maison Minergie ne consommant que 8000 kW/an d’énergie, dont quatre stères de bois pour le fourneau à pierre ollaire, soit l’équivalent de 800 l de mazout par an! Une villa traditionnelle en consomme plutôt 1800 l à 2000 l. Les 10% supplémentaires de coût à la construction seront donc vite amortis.
Joy Demeulemeester
Pour télécharger le budget, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.