Une bonne crème de jour freine le dessèchement de la peau sans l’imprégner de substances potentiellement allergènes*. Les produits sur le marché parviennent-ils à relever ce défi? Pour le savoir, nous avons confié seize onguents vendus dans les grandes surfaces à un laboratoire (lire encadré). Nous n’avons analysé que des produits standard en laissant de côté les emballages anti-âge et antirides, de même que les crèmes de nuit.
Ainsi, on peut s’offrir une vingtaine d’emballages Cien vendus chez Lidl avec les 158 fr. facturés pour un pot de DayWear d’Estée Lauder. Or, ce dernier est jugé «peu satisfaisant», alors que le premier s’en tire nettement mieux! Ce résultat rejoint ceux obtenus lors de nos tests précédents: en matière de crèmes de jour, la qualité n’est pas une question de prix.
Les autres marques de prestige, Lancôme et Clinique, ne franchissent du reste pas non plus le cap de la note «bon», faute d’hydrater durablement la peau. L’épiderme garde en revanche son élasticité toute la journée avec les Zoé, Nivea, I am et Naturaline qui se classent dans le peloton de tête de notre sélection.
Huit heures après son application, la crème de jour Zoé, lauréate de notre test, augmente encore ainsi de 50% le taux d’humidité de l’épiderme. La DayWear d’Estée Lauder et l’Algues fluide de Body Shop font dix fois moins bien (5%) après le même laps de temps.
Peu de substances critiques
En revanche, les fabricants ont fait de nets progrès avec les substances indésirables. Contrairement à une analyse effectuée en 2009, nous n’avons ainsi décelé aucun parfum hautement allergène ou dépassant les quantités autorisées. Preuve en est que les producteurs tiennent compte de la critique et en tirent les conséquences.
Tous ont ainsi renoncé au thiazolinone, à l’origine de nombreuses allergies. Les experts ont néanmoins trouvé des parabènes et des composés polycycliques de muscs. Il ne s’agissait heureusement pas des plus nocifs et leur concentration était faible.
Même constat pour les composés aromatiques. Seuls les moins dangereux figurent encore dans les recettes. Nous avons tout de même recensé, à des concentrations dépassant 100 mg / kg, cinq substances problématiques différentes dans la Crème de jour au coing du Dr.Hauschka. Celle-ci a été dépréciée en conséquence. Quant à l’Essentials double action d’Olaz, elle contient l’arôme benzoate de benzyle, alors que l’étiquette n’en dit mot!
Sur les seize produits testés, onze ne renfermaient aucune substance indésirable. Nous n’avons pas trouvé de parfum potentiellement allergène dans les onguents de I Iam, Cien, bebe Young Care, Clinique et Estée Lauder. Et seulement des traces dans les petits pots de Zoé, Naturaline, Beauté Suisse, Lancôme, Qualité & Prix et The Body Shop.
Emballage modifié
Coop a manifesté son étonnement en apprenant le mauvais score de la Qualité & Prix en matière d’hydratation. Le distributeur a indiqué obtenir des valeurs nettement plus hautes dans ses analyses maison.
De son côté, Procter & Gamble qui fabrique l’Essentials double action d’Olaz nous a assurés, photo à l’appui, avoir complété la liste des ingrédients sur l’emballage. Estée Lauder a déclaré vouloir accorder la priorité à la sécurité des consommateurs. La société soumettra donc désormais tous les composants à des toxicologues et des experts avant d’y avoir recours.
A noter encore que nous n’avons pas fait analyser la crème de jour Ombia vendue par Aldi, la recette de ce produit étant en cours de modification au moment de notre test.
Andreas Schilknecht / chr
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En détail
Les critères du test
Nous avons soumis une sélection de seize crèmes de jour à un laboratoire franco-allemand. Les experts se sont basés sur les critères suivants.
• Propriétés hydratantes: ils ont d’abord mesuré l’hydratation de la peau sur les avant-bras de 11 femmes âgées de 30 à 70 ans. Ces dernières ont appliqué la crème et le laboratoire a répété la mesure à trois reprises après respectivement deux, quatre et huit heures. Chaque produit a été noté en fonction de la teneur en eau de l’épiderme, au fil de la journée.
Relevons que les essayeuses se sont abstenues de fumer et de boire du thé ou du café pendant les tests. Elles n’ont pas non plus pris de médicaments. Les mesures ont eu lieu dans une pièce climatisée où elles se sont rendues une demi-heure auparavant.
• Substances critiques: le laboratoire a traqué la présence d’agents conservateurs indésirables. Utilisés pour éviter les moisissures et la prolifération des bactéries, ils peuvent avoir des effets nocifs. Les plus courants sont l’éthanol, le thiazolinone, potentiellement allergène, et les parabènes considérés comme des perturbateurs endocriniens.
• Parfums allergisants: ils sont classés dans quatre catégories selon leur degré allergénique. L’étiquette doit en faire mention dès que
leur concentration dépasse 10 mg/kg. Contrairement aux résultats obtenus lors de notre test publié en 2009, nous n’avons décelé aucun élément fortement allergène.
• Composés de muscs polycycliques: il s’agit d’arômes synthétiques. Certains sont soupçonnés d’influencer le fonctionnement hormonal alors que d’autres, difficilement dégradables, se retrouvent dans les cours d’eau avec des effets nocifs sur les organismes aquatiques.