C’est à la fin du printemps que les tiques piquent le plus souvent. Au mois de juin 2016, plus de 6000 personnes ont consulté leur médecin pour cette raison. Et tout laisse à penser que 2017 établira un nouveau record: fin avril, le nombre de cas recensés était déjà supérieur à celui enregistré ces dix dernières années à la même période.
Faut-il s’alarmer et prendre un rendez-vous chez son docteur à chaque piqûre? Selon les deux spécialistes à qui nous avons posé la question, c’est non: «Consulter systématiquement un médecin est excessif, la probabilité de tomber malade après une telle piqûre étant faible», rassure Manuel Schibler, chef de clinique au Service des maladies infectieuses des HUG. Même réponse du médecin-chef du service homologue du CHUV, Blaise Genton, qui précise qu’il faut consulter si l’on présente certains symptômes (lire plus bas).
Borréliose ou maladie de Lyme
Causée par une bactérie, c’est l’infection la plus fréquente transmise par les tiques dans l’hémisphère nord. On trouve des tiques contaminées dans toute la Suisse, généralement au-dessous de 1500 mètres. ll n’existe pas de vaccin pour s’en protéger; le traitement par antibiotiques donne toutefois de bons résultats s’il est administré assez tôt, sans quoi la maladie peut évoluer en arthrite chronique. En Suisse, 10 000 personnes la contractent chaque année.
Il est impératif de consulter un médecin si l’on observe les symptômes suivants après une piqûre:
⇨ rougeur cutanée dont la taille augmente progressivement (circulaire, ovale ou se transformant en anneau), y compris si elle finit par disparaître;
⇨ maux de tête, fièvre, douleurs articulaires.
Encéphalite à tiques
Il s’agit d’une maladie causée par un virus. Moins courante que la borréliose, elle est en progression: en moyenne, 150 cas par an ont été identifiés ces douze dernières années en Suisse, contre moins de 100 les douze précédentes. Ses symptômes, peu spécifiques au début, vont d’un état grippal (première phase) à des troubles neurologiques (deuxième phase). Lorsque de tels effets se développent, l’issue est mortelle dans environ 1% des cas.
Il n’existe aucun traitement spécifique contre cette maladie, mais un vaccin permet de s’en protéger. Dès lors, faut-il courir se faire vacciner à la première tique venue? «Nous ne le recommandons pas pour tout le monde, mais pour les adultes et les enfants à partir de 6 ans qui habitent ou séjournent dans les zones où les tiques sont contaminées», tempère Blaise Genton. En Suisse romande, une partie du Jura vaudois et bernois, la plaine de l’Orbe, l’est de la région des Trois-Lacs et la plaine du Rhône autour de Sierre sont concernées (voir la carte sur http://bit.ly/2qXYBMW).
Selon l’Office fédéral de la santé publique, se rendre occasionnellement dans les zones touchées – pour pratiquer la randonnée par exemple – suffit pour que le vaccin soit remboursé par l’assurance maladie de base. Dans la pratique et selon leurs dires, les assureurs jouent le jeu et réclament rarement une justification. Trois injections sont nécessaires pour obtenir une protection d’au moins dix ans. Elles peuvent être administrées par un médecin généraliste ou directement dans un centre de vaccination, comme celui du CHUV à Lausanne.
Vincent Cherpillod
Pratique
Mieux vaut vite que bien
Au retour d’une balade en forêt, horreur! Une tique vous a choisi comme garde-manger. Il n’y a qu’une seule chose à faire: se débarrasser au plus vite de l’indélicate. «Le risque de transmission d’agents pathogènes augmente avec le temps, lorsque la tique se nourrit de sang. Avant cela, quand elle est encore très petite, ce risque est faible», explique Blaise Genton. Il faut donc retirer le parasite immédiatement, sans attendre qu’un professionnel de la santé le fasse lui-même.
Inutile de mettre en œuvre une technique d’extraction complexe: selon Manuel Schibler, il suffit de retirer l’animal avec une pince – des brucelles font parfaitement l’affaire, à défaut de pince à tiques – en l’attrapant au plus près de la peau et en tirant perpendiculairement, sans mouvement de rotation ni application de vinaigre ou d’un autre produit. Si une partie du parasite reste accrochée, pas de panique: «Les risques de transmission de maladie ne sont pas augmentés si les pièces buccales restent dans la peau», rassure Blaise Genton, coupant court à une idée reçue.