Si 10% des skieurs adultes seulement se protégeaient en 2002, près de 90% d’entre eux le font aujourd’hui. Les exigences en matière de technologie ont évolué en parallèle avec, en 2007, l’édiction d’une norme européenne dans ce domaine. Résultat: les casques résistent désormais plus efficacement aux chocs et aux objets tranchants. Quant aux mentonnières, elles tiennent le coup même lors d’une grosse secousse.
Depuis une quinzaine d’années, Bon à Savoir a suivi cette évolution en publiant régulièrement des tests comparatifs à ce propos. Un travail qui reste indispensable, puisque de grandes différences distinguent encore les modèles, et ce, malgré les progrès réalisés. Trois casques sur dix sont ainsi jugés seulement «satisfaisants» actuellement, contre plus de la moitié lors du comparatif publié en 2013.
Les Uvex et Alpina, tous les deux dans le milieu de la gamme côté prix, décrochent même la note «très bien» lors du crash test, loin devant les trois modèles 46 Nord, Smith et Salomon qui ferment la marche. La plupart des fabricants n’ont pas souhaité commenter ce résultat.
Chrissports, qui importe le modèle Giro, cinquième sur le podium, souligne toutefois qu’il est équipé de la technologie Mips. En cas de chute, la coque extérieure peut ainsi pivoter de quelques millimètres, alors que l’intérieur du casque reste plaqué sur le crâne: ce dispositif réduit les forces exerçant une rotation sur le cerveau. Aucune étude scientifique ne permet toutefois d’étayer cette affirmation.
Une norme timide
Le port du casque limite certes les lésions, mais sa protection est toute relative. Les exigences fixées par la norme EN 1077 sont en effet loin de refléter la réalité. La capacité d’amortissement est ainsi mesurée en laboratoire à une vitesse équivalant à 20 km/h, alors que la plupart des skieurs sont bien plus rapides. En 2010, lors d’un contrôle sur les pistes, nous avions constaté que les 30 km/h étaient souvent dépassés, avec une pointe à 58 km/h!
Ce pointage confirmait les dires du Bureau de prévention des accidents, qui affirme que des vitesses de 50 km/h ne sont pas rares. Et, selon un crash test effectué par la Suva, il faut alors compter avec de graves blessures.
Les exigences techniques sont donc largement insuffisantes… ce qui n’est guère étonnant quand on sait que ce sont les fabricants eux-mêmes qui siègent dans les comités édictant les standards de sécurité. Quelque 600 entreprises et autres institutions sont ainsi membres de l’Association suisse de normalisation (SNV).
Plus sévère, la Fédération internationale de ski exige que les accessoires de course subissent les tests d’instances indépendantes, et ce, à 25 km/h. Une allure dérisoire au premier abord, mais qui doit être replacée dans son contexte. En cas de chute, les coureurs glissent sur des pistes sécurisées par des filets sans rencontrer d’obstacle. Ce n’est pas le cas des skieurs du dimanche évoluant sur des pentes surpeuplées, bordées d’arbres, voire, selon l’enneigement, de pierres.
Andreas Schildknecht / chr
En détail
Les critères du test
Le Laboratoire spécialisé TÜV Rheinland à Cologne a testé dix casques adultes pour hommes et femmes entre 89 fr. et 200 fr. selon les critères de la norme européenne en vigueur.
1. Amortissement des chocs: 80%
Chaque casque a été placé sur un mannequin qui a été propulsé à 20 km/h sur une surface métallique, d’abord à température ambiante et, ensuite, à -25°C. Des capteurs ont mesuré à quel point la coque limitait la force de l’impact.
2. Solidité des lanières et de la fermeture: 20%
La jugulaire résiste-t-elle à une forte poussée ou se déforme-t-elle? Et la fermeture? Retrouvent-elles après leur forme d’origine?
3. Test de résistance à la perforation
Pour simuler un choc avec une pierre ou des bâtons de ski, les experts ont soumis les casques à la pression d’un poinçon en acier. Le test était considéré comme réussi s’il ne parvenait pas à toucher le mannequin.
4. Test de résistance des lanières
Une forte secousse a été exercée sur la coque pour l’arracher. Les casques devaient rester en place pour passer l’épreuve.