Chez les amateurs de sports de glisse, le port du casque est devenu très tendance. Les commerces d’articles de sport enregistrent une très nette hausse du chiffre d’affaires dans ce domaine. «La saison passée, nous avons vendu deux fois plus de casques pour skieurs et snowboardeurs que l’année précédente», se réjouit John Furch, d’Athleticum. Et pour cet hiver, on prévoit la même courbe de progression, qui devrait amener à un chiffre total de 200 000 casques vendus.
Si les commerçants sont ravis, cette évolution est également vue d’un très bon œil au bureau suisse de prévention des accidents (bpa). Par le biais de sa nouvelle campagne «Enjoy sport-protect yourself» le bpa encourage le port du casque. Selon ses estimations, 13% de skieurs et 20% de snowboardeurs ont déjà opté pour ce type de protection. Si le phénomène est observé toutes classes d’âge confondues, il s’avère en revanche que le casque est principalement porté par des hommes.
Statistiquement parlant, ces «têtes intelligentes» réduisent considérablement le risque de blessure, puisque la tête et le cou sont les deux parties du corps les plus fréquemment touchées en cas d’accident sur les pistes.
«Le traumatisme crânien est la lésion typique des sports d’hiver», note Urs Klemmer, médecin-chef à la Garde aérienne suisse de sauvetage (REGA). La saison passée, 520 patients ont été hospitalisés pour un tel traumatisme, rien que parmi les blessés secourus par la REGA. «Mais on constate que, grâce au casque, le nombre de cas de perte de connaissance ou d’entailles au visage lors de chutes est nettement réduit», poursuit Urs Klemmer.
Un casque permet donc de diminuer les risques de blessure. Mais encore faut-il qu’il soit de bonne qualité. Bon à Savoir en a acheté dix modèles et les a transmis à l’Empa (laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche), à Saint-Gall. Les tests réalisés par cet institut, basés sur les prescriptions de la norme européenne EN1077, ont porté sur trois points:
Résistance aux chocs
Il s’agissait de déterminer si les casques offrent une bonne protection lors de collisions avec un autre skieur, avec un objet fixe (arbre, pylône) ou avec un sol gelé. Des chocs qui correspondent à une vitesse d’environ 20 km/h.
Pour recréer ces situations, le laboratoire fixe les casques sur une tête de mannequin et le lâche sur une enclume d’acier. Quand un casque n’atteint pas les normes prescrites en matière d’amortissement des chocs, les experts considèrent qu’il a échoué dans cette phase du test.
Résistance à la perforation
Ce test simule un choc avec un objet pointu, comme la pointe d’un ski, un bâton ou même une branche d’arbre. Une pointe métallique et conique est lâchée sur le casque et ne doit pas atteindre la
tête du mannequin pour que l’exercice soit considéré comme réussi.
La tenue
Pour ce test d’arrachage, les experts fixent un câble métallique au casque, lequel est ensuite vivement tiré vers le haut. Le casque doit tenir en place et les lanières et la fermeture ne doivent montrer aucun dommage.
A relever que ce dernier point n’a pris aucun casque en défaut. Autre bonne nouvelle: la moitié des dix modèles testés a eu d’excellentes notes aux deux autres étapes du test, ce qui leur permet de figurer au classement final avec la mention «très bon».
En revanche, deux casques n’ont pas rempli les conditions minimales des normes prescrites en matière de résistance aux chocs. Il s’agit du Techno Pro Colin Freeride d’Intersport, et du Dainese Fun Titan d’Athleticum.
L’importateur de Dainese n’a pas voulu prendre position sur ce mauvais résultat.
De son côté, Intersport a insisté sur le fait que son modèle avait répondu aux normes minimales lors de tests effectués par un laboratoire officiel en France. Toutefois, la société a promis d’effectuer une nouvelle série de tests et de prendre les mesures nécessaires sans tarder en cas de résultats négatifs.
Norme élastique
Vu les résultats de ces deux modèles, classés «insatisfaisant», se pose la question du bien-fondé de la norme EN1077, en principe synonyme de haute qualité.
Pourtant, malgré cette garantie, deux casques n’ont pas passé la rampe auprès de l’Empa. Une première explication à cette contradiction vient du fait que les certifications se font une seule fois et sur la base d’un échantillon, sorte de maquette avant production. Ensuite, le modèle est déclaré conforme à la norme EN1077 aussi longtemps qu’il est produit, sans que de nouveaux tests ne soient exigés. Il ne faut donc pas trop s’étonner si des variations de qualité peuvent se produire au fil des années.
Il faut aussi tenir compte du déroulement du test lui-même. La norme prescrit de contrôler les points faibles présumés du casque. Mais à chaque laboratoire de déterminer les endroits du casque qui seront soumis aux chocs: cette liberté de choix peut également expliquer la différence de résultats.
Entre les cinq meilleurs modèles du test et les deux qui ne répondent pas aux normes, trois casques ont reçu la mention «bon». Le Giro SST a montré des points faibles dans l’épreuve de perforation: la pointe d’acier a terminé sa course dangereusement près de la tête du mannequin.
Quant au manque de concordance du poids du casque avec l’indication fournie, plusieurs importateurs nous ont expliqué qu’une seule taille a été pesée. Ce poids a ensuite été attribué à tous les casques du même modèle, y compris à ceux
de taille différente. Cette donnée figure dans notre tableau mais n’entre pas dans la comptabilisation pour l’appréciation globale.
Enfin, on notera que le prix ne garantit absolument pas la qualité d’un casque. Ce serait même le contraire, puisque les deux meilleurs du test, les modèles de la marque Alpina, figurent parmi les articles les moins chers, tandis que le grand perdant, le casque de Dainese, est au contraire le plus coûteux.
Rolf Muntwyler / jf
Conseils
Bien essayer, avant d’acheter
- N’acheter qu’un produit certifié de la norme EN1077. Les autres modèles répondent rarement aux standards européens.
- Les casques à coque souple ne conviennent pas aux sports d’hiver.
- Le meilleur casque ne servira à rien s’il n’est pas de la bonne taille. Il faut prendre le temps de bien l’essayer.
- Après avoir enfilé le casque, lanières ouvertes, secouer la tête. Le casque doit rester bien en place.
- Boucler ensuite les lanières pour voir si la fermeture n’entraîne aucune gêne.
- Au besoin, tester également le confort du casque porté avec des lunettes de soleil et des lunettes de ski.
- L’indication de poids, pas forcément exacte, ne doit pas être un critère d’achat.
- Si les casques de couleur sont plus gais, il ne faut pas les peindre soi-même. La peinture, tout comme la colle, peuvent altérer les qualités de sa protection.
Sur la piste
- Même avec un bon casque sur la tête, la prudence s’impose.n cas d’accident, ne pas enlever son casque à la victime.
- Si un blessé est somnolent ou inconscient, s’il saigne beaucoup ou encore s’il est atteint au visage, appeler immédiatement le numéro d’urgence 144 ou la REGA 1414.
- Selon la REGA, aucun frais n’est facturé à la personne qui donne l’alarme, même si une intervention ne s’avère finalement pas nécessaire.