«Entièrement biodégradable» ou «compostable», la vaisselle jetable essaie de se la jouer écolo en recourant à des matériaux naturels comme la canne à sucre, le bambou ou les feuilles de palmier. Mais, n’en déplaise à leurs fabricants, les écobilans réalisés par le Laboratoire bâlois Carbotech disent le contraire: ce type de vaisselle n’est pas plus écologique que les modèles en plastique. En faisant des analyses pour des organisateurs de grands événements, Carbotech a constaté que le carton demeurait le matériau le plus écologique.
Trop d’énergie
Cette conclusion découle d’un écobilan approfondi qui tient compte du cycle de vie complet des produits: des ressources nécessaires à leur fabrication, à leur élimination, en passant par l’utilisation et le recyclage. Or, comme le souligne Fredy Dinkel, analyste et spécialiste en protection de l’environnement chez Carbotech, le gros de l’énergie est utilisé lors de la production des matières premières et non à leur élimination. Par conséquent, le raccourci «écologique, car compostable» est erroné.
Au final, la vaisselle en carton s’adjuge la première place du classement avec l’impact environnemental le plus faible. Très légère, elle nécessite moins de matières premières et d’énergie pour sa production que les autres matériaux, tout en dégageant de faibles émissions lors de son incinération. Au deuxième rang, le plastique (PET) – lui aussi léger – ne s’avère pas trop énergivore à produire tout en présentant l’avantage d’être recyclable. Les vaisselles à base de canne à sucre, de bambou ou de feuilles de palmier ferment la marche en raison de la grande consommation d’énergie nécessaire à leur fabrication.
En ne considérant que le bilan CO2 sur l’ensemble du cycle de vie, les modèles en feuilles de palmier s’en sortent certes mieux que ceux en plastique, mais le carton reste roi. Et, en termes de prix, il pulvérise encore la concurrence en facturant les dix assiettes autour de 90 ct. contre 1.90 fr. pour le plastique, 4.50 fr. pour la fibre de canne, voire même 5.70 fr. pour les feuilles de palmier. Le carton fait décidément un carton.
Yves-Noël Grin