«Globalement, le marché vaudois est sous tension», diagnostique Christelle Bérard Bourban, responsable romande du CIFI. Le canton fait en effet face à une forte augmentation de sa populaation (698 000 habitants à la fin de 2009, soit 7,2% de plus qu’en 2005), qu’il devient difficile de loger.
Toutefois, nuance l’experte, l’offre en logements récents permet de compenser en partie la forte demande: le taux moyen de nouvelles constructions pour l’ensemble du canton sur cinq ans est de 1,3%.
Cela n’empêche pas les prix de s’envoler: entre 35% et 40% de hausse pour les villas et les appartements en PPE en cinq ans seulement.
L’augmentation est particulièrement forte sur l’Arc lémanique, plus précisément sur La Côte. A Mies, le prix des maisons a ainsi décollé de 55%, le record cantonal.
«Le marché vaudois est comme coupé en deux avec, d’un côté, l’Arc lémanique et ses alentours (une partie du Gros-de-Vaud) et, de l’autre, les marchés secondaires que sont le Nord vaudois et l’Est vaudois», résume Bertrand Barbezat, président de la Fédération vaudoise des Banques Raiffeisen. Cette différence se ressent nettement sur les prix: le m2 de terrain varie entre 100 fr. et 1000 fr. et la villa vendue quelque 800 000 fr. dans le Nord vaudois en vaudra plus de 2 millions sur l’Arc lémanique. Les prix très élevés des bords du lac devraient toutefois se stabiliser, sinon, «ils risquent de décourager totalement les aquéreurs».
L’arc lémanique ne suffit plus
Comme l’offre de l’Arc lémanique ne suffit plus, la demande en villas individuelles a tendance à se reporter toujours plus sur les autres régions du canton et ses régions limitrophes. Mais, même là, l’offre des marchés secondaires risque de ne plus suffire: «Le stock de terrains disponibles a tendance à s’amenuiser partout, comme dans le Chablais et la Broye, où l’on a énormément construit ces deux dernières années, relève Yvan Schmidt, spécialiste du marché immobilier chez i Consulting.
»Ce phénomène sera très certainement amplifié par les normes de densification définies par le plan d’aménagement cantonal, qui ne permettront plus que de mettre des nouveaux terrains en zone à bâtir pour des villas jumelées et contiguës tout au moins.
»Autrement dit, la villa individuelle va devenir un rêve toujours plus inaccessible.»
Nicolas Zeitoun
BONUS WEB: photos de la maison
La maison du mois
Atypique: le qualificatif va comme un gant à cette maisonnette située en plein cœur de Lausanne, dans une rue tranquille du quartier de la Pontaise. Les maisons individuelles sont en effet rares dans la capitale vaudoise et la bâtisse, érigée en 1910, est elle-même hors normes.
Cette ancienne dépendance non excavée comprend deux édifices, régulièrement entretenus par le propriétaire. La maisonnette principale se compose d’une salle de bain au rez-de-chaussée, d’un salon à l’étage et d’une chambre à coucher dans la mezzanine. L’annexe, à laquelle on accède par l’extérieur, abrite la cuisine et la salle à manger.
Construite sur une parcelle de 210 m2, la bâtisse compte 125 m2 de surface habitable, auxquels il faut ajouter les 20 m2 d’un local aménageable en bureau, mais non habitable. Ce dernier se trouve sur une terrasse d’environ 40 m2. Récemment, le propriétaire a également aménagé une seconde terrasse de 36 m2 (avec sauna) sur le toit de la salle à manger.
En résumé, ce bien original, presque une curiosité, peut convenir à un couple, voire, moyennant quelques transformations, à une famille avec un enfant.
Prix de vente: 890 000 fr. Informations: Nideal Immobilier Sàrl, www.nideal.ch, 079 849 00 42.
Une villa type de 6 pièces
A notre demande, le Centre d’information et de formation immobilières (CIFI) a évalué le prix d’une villa type sur l’ensemble du canton de Vaud.
Nous avons retenu une maison individuelle de six pièces, construite en 1973, sur 1000 m2 de terrain, avec une bonne situation dans la commune et une bonne qualité de construction. La surface habitable nette est de 180 m2 (volume 920 m3) avec deux salles de bain, un garage séparé et une place de parc extérieure. L’état du bâtiment est jugé «moyen», à cause de son âge et parce qu’aucune rénovation lourde n’a été entreprise jusqu’ici.
Pour faire leur évaluation, les experts du CIFI emploient la méthode dite «hédoniste», dont le principe a été expliqué en détail dans notre édition d’août 2010. Le prix théorique de cette villa type s’échelonne entre 577 000 fr. pour la commune de Bex et 1 388 000 fr. pour celle de Pully.