En décembre 2010, Jean*, 78 ans, reçoit un téléphone d’un employé de la société ID-Find. Il répond aux questions du télévendeur, puis raccroche. Son ouïe étant déficiente, il ne comprend pas qu’il vient, en fait, de renouveler son abonnement de deux plaquettes pour des clés d’un prix de 99 fr. En contrepartie, s’il perd son trousseau, la société s’engage à le lui renvoyer à son domicile dans l’espace d’une période de dix ans.
C’est en recevant les médailles, quelques jours plus tard, qu’il réalise avec sa femme les conséquences de l’appel. Même si le couple est persuadé de n’avoir rien commandé, il attend de longs mois avant de renvoyer le colis. Mal lui en prend, car, depuis, une société de recouvrement l’a dans son collimateur.
Interpellé, ID-Find dément que Jean ait été victime d’une vente forcée. «L’enregistrement de sa conversation avec le télévendeur ne laisse pas de doute», affirme Yannick Tieche, juriste pour le compte de la société. Il précise que ID-Find fait tout son possible pour éviter que les télévendeurs renouvellent les abonnements avant l’échéance, une pratique déjà dénoncée dans nos colonnes il y a quelques années (lire «Clés perdues, les médailles de la colère», BàS 10/2005). Ce qui n’est pas le cas, puisque l’ancien contrat de notre lecteur était bel et bien échu.
Pour tirer l’affaire au clair, nous avons obtenu et soumis l’enregistrement litigieux au Service juridique de Bon à Savoir. Nos juristes estiment que l’accord de Jean n’est pas aussi clair que la société l’affirme. Mais cette dernière n’a pas l’intention de renoncer à encaisser son dû: «Il aurait été possible de discuter si les acheteurs s’étaient rapidement manifestés, et non six mois plus tard», justifie Yannick Tieche. Cet argument dessert en effet le couple, selon nos juristes, qui lui conseillent donc de payer le minimum exigible par la loi, à savoir 99 fr. et 5% d’intérêt, en espérant avoir la paix par la suite.
Afin d’éviter pareille mésaventure, il ne faut donc pas hésiter à répondre par la négative aux questions des télévendeurs. S’ils se montrent insistants, il faut alors mettre un terme à la conversation, quitte à raccrocher, puisque les consommateurs ne disposent, pour l’heure, d’aucun délai de révocation pour des contrats conclus par téléphone.
Nicolas Zeitoun
* Nom connu de la rédaction.