«Il y a clairement une volonté de mettre des bâtons dans les roues de ceux qui choisissent l’importation parallèle», enrage Daniel Frick. Et pour cause, puisque cela fait plusieurs mois que lui et sa femme attendent le remplacement de leur caméra de recul qui ne fonctionne plus sur leur voiture.
Aucune date de départ pour la garantie
Le couple, domicilié à Bellevue (GE), achète, en 2013, une Hyundai IX 35 2.0 CRDI importée de la Croatie par Schöni Cars à Wynau (BE). Au début de l’année 2016, le système d’assistance pour la marche arrière tombe en panne. Leur garagiste genevois préconise un remplacement et commande l’accessoire, étant entendu que les frais doivent être couverts par la garantie constructeur (lire encadré). Mais, quelques jours plus tard, il les informe que Hyundai Suisse refuse de prendre en charge la réparation. La raison invoquée? Le véhicule ne serait pas correctement enregistré dans le système de garantie.
Myriam et Daniel Frick sont perplexes. La filiale helvétique de la marque sud-coréenne ne peut-elle pas simplement inscrire elle-même la voiture à l’aide du numéro de châssis? Nicholas Blattner, porte-parole de l’entreprise, maintient que c’est impossible: «C’est la branche nationale qui vend le véhicule, en l’occurrence la Croatie. C’est elle qui doit enregistrer la date de départ et de fin de la garantie dans le système international du constructeur. Cette procédure permet de nous assurer que la voiture n’a pas, par exemple, été volée durant le trajet depuis la Corée.»
Un déplacement aussi cher que la pièce à changer
Pour débloquer la situation, Hyundai Suisse conseille au couple de se tourner vers Schöni Cars pour demander à Hyundai Croatie de faire le nécessaire. Les mois passent, mais, malgré les nombreux e-mails envoyés par l’importateur suisse, la branche croate de la marque ne s’exécute pas.
Reste que, en Suisse, si un garage ne parvient pas à faire activer une garantie vendue avec une automobile, l’acheteur est en droit de considérer que le véhicule est entaché d’un défaut. C’est alors au vendeur de prendre en charge la réparation jusqu’à ce que la situation s’éclaircisse.
Schöni Cars a certes proposé à Myriam et à Daniel Frick de payer la réparation. Mais ils auraient dû, pour cela, se rendre dans un garage près de Zurich. Déplacement pour le moins fastidieux que nos lecteurs auraient dû refaire en cas de futurs problèmes.
L’importateur croate a fait faillite
Bon à Savoir a alors tenté d’approcher directement Hyundai Croatie. Et, là, surprise: un collaborateur réagit immédiatement et dénoue toute l’affaire. L’entreprise qui importait les véhicules de la marque Hyundai en Croatie à l’époque de la vente, a fait faillite en 2015. Schöni Cars envoyait donc des e-mails à une société qui n’existait plus.
Une nouvelle filière nationale a, depuis, vu le jour. Elle s’est empressée de faire activer la garantie de la voiture, sans pouvoir expliquer les manquements de son prédécesseur. Hyundai Suisse a confirmé que nos lecteurs pouvaient désormais aller faire réparer la caméra de recul de leur véhicule.
Bernard Utz
En pratique
Garantie des véhicules importés
Les véhicules neufs importés de l’Espace économique européen sont couverts par une garantie constructeur (ou d’usine), de deux ans au minimum. Elle couvre les frais de réparations liés à une défectuosité de la voiture. Les pièces d’usure en sont donc exclues. Pour en profiter, l’entretien (service, etc.) doit être réalisé dans un garage agréé.
Selon la Commission de la concurrence, les concessionnaires officiels se doivent d’honorer la garantie d’usine et effectuer les réparations nécessaires, même en cas d’importation parallèle.
Mais, comme nous l’a montré l’exemple du couple Frick, il est utile de s’assurer que la garantie soit correctement enregistrée dans le système informatique de la marque. Avant d’acheter une voiture importée, n’hésitez donc pas à demander au vendeur une pièce prouvant l’inscription de la date de départ de la garantie.