Avec une volatilité record, les marchés boursiers ont de quoi donner quelques sueurs froides aux investisseurs les plus aguerris. Le SMI, par exemple vaut actuellement 8,3% de moins qu’il y a un an (1)!
Pour faire fructifier leur argent, certains ont pourtant trouvé la parade en misant sur le marché du whisky, un breuvage qui a en outre l’avantage de se conserver plus facilement que le vin (lire encadré).
A en croire les prix affichés par certaines bouteilles, ils n’ont pas tort! En 1998, une bouteille de Brora 1995, par exemple, coûtait 100 euros. Aujourd’hui, elle en rapporte cinq fois plus. Mieux encore: l’an dernier, un Macallan 64 a trouvé preneur à 460 000 dollars (436 990 fr.).
«Depuis une dizaine d’années, le secteur connaît un essor considérable», confirme le spécialiste Thomas Ide. La demande est particulièrement marquée dans les pays tels que l’Inde, la Russie et la Chine. Parallèlement, la production, elle, diminue. Résultat: les prix s’envolent.
Le World Whisky Index estime ainsi le rendement annuel moyen du whisky à 12%. Créé en 2007, son site(2) met acheteurs et vendeurs en relation. Il dispose actuellement de quelque 47 000 bouteilles. La plus chère, un single malt de 1919, est cotée à 55 000 euros (66 627 fr.). Malheureusement, il n’existe, pour l’heure, aucun fonds de placement spécialisé: les amateurs devront par conséquent acquérir physiquement les bouteilles.
Single malt only
Pas évident dès lors de faire son choix. Les spécialistes recommandent de n’investir que dans les single malts. Contrairement aux blends, issus de l’assemblage de plusieurs whiskys, ces derniers ne sont produits que par une seule distillerie.
Les Macallan, les Ardbeg, les Springbank ou encore les Highland Park sont les plus prisés. Les crûs rares provenant de distilleries fermées (Port Ellen, Brora, Rosebank) sont aussi parti culièrement recherchés. Leur prix n’est toutefois pas à la portée de toutes les bourses.
Multiplication de faux
Sans compter que, comme pour tout placement, il existe des risques: la cote des bouteilles peut certes s’envoler, mais elle peut également dégringoler. Aussi est-il recommandé de bien connaître les spécificités de ce marché avant d’y investir ses deniers.
D’autant plus que les faux sont en augmentation. Les maisons d’enchères spécialisées estiment, en effet, que les contrefaçons représentent entre 10 et 20% du marché. Les vieilles bouteilles de Macallan sont particulièrement concernées. Et, elles sont parfois si bien imitées qu’elles peuvent leurrer les experts les plus avertis, selon Thomas Ide. Le site whiskyfun.com, spécialisé dans les faux et les revendeurs douteux, fournit de précieuses informations à ce sujet.
Naturellement, il est recommandé de ne jamais acheter un whisky à un revendeur inconnu, lorsque le prix demandé est élevé. De même, sur internet, les photos de la bouteille et de l’étiquette doivent pouvoir être téléchargées immédiatement pour, ensuite, être comparées à celles originales. En cas de doute, on n’hésitera pas à demander l’avis d’un spécialiste.
Afin d'éviter toute déconvenue, mieux vaut, dès lors, passer par des maisons réputées comme whiskyauction.com, bonhams.com ou mctears.co.uk, par exemple.
(1) Etat au 13 janvier 2012.
(2) www.worldwhiskyindex.com
L'art de la conservation
Contrairement au vin, une fois mis en bouteilles, le whisky n’évolue plus. Pour qu’il ne se dévalue pas, il est toutefois conseillé de le conserver debout – afin que l’alcool n’entre pas en contact avec le bouchon – à une température avoisinant 14°C et à l’abri des rayons du soleil. De même, le taux d’humidité ne doit pas être trop élevé (risque de développement de moisissures sur le bouchon).
On n’oubliera pas non plus de vérifier régulièrement le niveau de remplissage de la bouteille. S’il diminue, cela signifie que le bouchon n’est plus hermétique. Dans ce cas, soit on revendra la bouteille, à un prix inférieur à celui du marché, soit on la dégustera. Les bouteilles conservées intactes dans leur emballage d’origine, ont plus de valeur. Par conséquent, soignez-les bien.