Une pelouse dense, verdoyante et uniforme comme un green de golf. Le fantasme n’est pas universel, mais bon nombre de propriétaires en rêvent. L’affront suprême? Discerner le sourire compatissant du voisin qui confirme silencieusement que l’herbe est toujours plus verte ailleurs. Or, le trophée du plus beau gazon n’est pas aussi accessible que la pose d’une moquette. Il est promis aux plus persévérants et méticuleux. Mais encore faut-il avoir choisi les bonnes semences pour partir sur de bonnes bases.
Quatre critères de choix
- La première étape, c’est de connaître les spécificités de son terrain et du climat local. En effet, chaque espèce de gazon tolère à sa manière les contraintes du milieu, tels que le froid, la sécheresse, l’ombre ou le taux d’acidité de la terre.
- En deuxième lieu, il faut savoir à quelle sauce l’espace vert sera mangé: si on compte fouler sa pelouse sans scrupules (gazon d’agrément), il faut choisir des graminées qui résistent au piétinement. Pour une utilisation plus intense – merci les enfants… – un gazonnement de type terrain de sport est tout indiqué pour ne pas céder à l’arrachement.
- Le troisième critère de choix est le rendu esthétique. Selon l’espèce, le feuillage varie au niveau de sa finesse, de sa densité et de l’intensité de sa couleur. Lorsque la pelouse n’est destinée qu’à sublimer une surface, on parle de gazon d’ornement.
- Quatrième aspect non négligeable, la vigueur des graminées. Ce volet englobe aussi bien la résistance aux maladies (rouille, etc.), la facilité d’installation que la vitesse de pousse. Celles et ceux qui n’ont guère envie d’être esclaves de leur tondeuse y prêteront une attention toute particulière.
Hélas, l’espèce de gazon qui exauce tous les vœux du jardinier n’est pas née. Bien malin celui qui trouvera une variété au feuillage fin qui résiste vigoureusement à l’arrachement, tout en s’accommodant d’une exposition aussi bien ombragée qu’ensoleillée. C’est pour cette raison que les semences sont généralement utilisées en mélanges pour offrir un meilleur compromis (voir tableau). En fonction des espèces retenues et de leur pourcentage respectif, on peut ainsi façonner sa pelouse de rêve, ou du moins la plus adaptée à ses besoins.
A chacun ses qualités
Parmi les nombreuses variétés qui existent sur le marché, les plus communes sont le ray-grass anglais, les diverses sortes de fétuque et le pâturin des prés. Le ray-grass – tout comme la fléole bulbeuse – est très utilisé pour les terrains de sport, car il est vite installé, tout en offrant une excellente résistance au piétinement et à l’arrachement. En revanche, il a l’inconvénient de pousser rapidement et d’être assez grossier. Le pâturin des prés est lui aussi robuste, mais sa repousse est plus lente.
Parmi les fétuques, on trouve la rouge gazonnante qui donne un gazon très fin et esthétique, mais supporte mal la sécheresse et le piétinement. La rouge demi-traçante a des propriétés semblables mais moins marquées dans un sens comme dans l’autre. De plus en plus prisée, la fétuque élevée est très polyvalente, mais sa vitesse de pousse est rapide et son feuillage assez grossier a piètre allure en hiver.
Et si on déroulait?
Pour les plus impatients, il existe des gazons de placage qui se présentent sous la forme de rouleaux. C’est une solution qui a l’avantage d’être rapide et efficace pour créer un bel espace vert, mais exige malgré tout une bonne préparation du sol avant la pose. L’inconvénient de taille, c’est son prix: pour couvrir une surface de 40 m2, il faut compter 500 fr. au moins pour du gazon de placage contre 25 fr. pour le kilo de semences nécessaires.
Yves-Noël Grin
Pour télécharger le tableau comparatif, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.