Descendants des bons vieux albums photos où les souvenirs s’étalent en images collées jaunissant au fil des ans, les livres photo (photobooks) constituent une petite révolution. Grâce à l’informatique, tout un chacun peut dorénavant concevoir un livre imprimé avec ses photos de vacances ou de mariage en peu de temps et pour moins de 100 fr.
Il suffit d’effectuer une mise en pages avec un petit logiciel gratuit, à télécharger sur le site du laboratoire photo (certains proposent une création directe en ligne), puis d’envoyer sa maquette à l’imprimerie d’un simple clic (connection haut débit conseillée). Et c’est un livre bien réel qui arrive ensuite par courrier postal.
Bon à Savoir a voulu évaluer la qualité de ce service en pleine émergence. Nous avons donc conçu, puis commandé, un livre aux huit labos photos les plus populaires de Suisse. Ensuite nous avons demandé à deux photographes professionnels de les examiner attentivement (lire encadré).
Livres de qualité
D’une manière générale, nos deux experts sont tombés sous le charme des photobooks, dont le concept même les a séduits. Ils ont aussi, et surtout, apprécié la qualité de la plupart de ces livres, tant au niveau de l’impression des photos que du papier, de la reliure ou de la couverture (voir tableau).
Logiciels trop simples
Les logiciels qui ont servi à composer ces livres sont certes simples à utiliser, mais – principal défaut de la plupart – ils sont aussi trop rudimentaires. Ainsi, seuls ceux de M-electronics (Migros) et Fotolaboclub permettent de placer et de calibrer en toute liberté photos et textes dans les pages du futur livre. Pour les autres, la mise en pages est limitée à un nombre restreint de moules prédéfinis où l’on doit se contenter de glisser le contenu.
Les meilleurs
Simplicité d’utilisation et options nombreuses ne sont pourtant pas antinomiques, comme le prouve le logiciel de M-electronics, qui a obtenu la meilleure moyenne. L’outil est
à la fois performant et vite «dompté». Son interface, de par sa construction logique, permet un apprentissage rapide et une utilisation facile tout en offrant une très appréciable liberté en matière de mise en pages.
La qualité d’impression des images a, quant à elle, convaincu nos deux experts qui ont apprécié les «teintes chaudes convenant aussi bien aux portraits qu’aux paysages». Le livre est «solide et de bonne finition, même si la couverture n’est pas très originale». Il représente par ailleurs un bon rapport qualité/prix.
Deuxième au classement général, l’album de Photocolor est, selon les photographes, le meilleur des huit évalués. Dommage que ce labo déçoive par son système de création sur site, certes très simple à utiliser, mais très basique. A l’inverse, en somme, de Fotolaboclub, qui offre une impression des photos de qualité moyenne, mais un excellent logiciel, le seul proposant à la fois un mode easy (les espaces photos sont prédéfinis) et expert (on place ses photos et ses textes où l’on veut).
En fin de classement
En queue de peloton, on trouve Fujicolor et Extrafilm. René Baumann, responsable du marché suisse d’Extrafilm, admet que son logiciel est avare en options. Mais il considère qu’il s’agit là d’une critique de spécialistes, alors que son entreprise cible le grand public: «Et pour les consommateurs, notre logiciel est déjà trop compliqué. Notre service clientèle reçoit des appels à l’aide tous les jours». Extrafilm étudierait ainsi la pertinence de créer un logiciel encore plus simple. Chez Fujicolor, on s’active aussi, mais dans le but de «proposer un nouveau logiciel avec lequel il sera possible de créer ses livres sans devoir rester en ligne sur notre site. Il offrira des possibilités accrues en matière de créativité et de placement de textes et d’images. Nous sommes aussi décidés à obtenir de meilleurs résultats en termes de qualité d’impression», avance Michael Koch, responsable des ventes chez Fujicolor Suisse.
Sébastien Sautebin
Critères d’évaluation
De l’outil au produit fini
Nous avons créé un livre de format A4 pour une soixantaine de francs avec les mêmes trente photos, réalisées par des professionnels. Pour les laboratoires n’offrant pas ce format et cette gamme de prix, nous avons choisi ceux qui s’en approchaient le plus. Chaque entreprise ayant développé son propre outil de création, nous avons évalué à la fois les logiciels et les livres, soit l’outil de création et le produit fini.
> Les livres: Martine Dutruit et José Crespo, photographes professionnels et collaborateurs de Bon à Savoir, ont jugé la qualité d’impression (rendu des couleurs, netteté, contrastes) et l’objet en tant que tel (papier, couverture, reliure).
> Les logiciels: il s’est agi principalement de déterminer s’ils étaient simples d’utilisation et s’ils permettaient une mise en pages libre ou non des photos et des textes («Liberté créatrice» dans le tableau). L’éventail de l’offre en matière de modèles (fonds de page, couverture, maquettes de pages prédéfinies) et de textes (polices, couleurs, tailles…) a également été noté. Les frais de port et le temps de livraison n’ont pas été retenus pour établir le classement. Mais les différences sont sensibles, puisque le port s’élève de 4,70 fr. (Photocolor) à 12,99 fr. (iPhoto d’Apple) et que les livres nous sont parvenus dans des délais compris entre quatre jours (M-electronics) et 23 jours (Fujicolor).