En mai dernier, Bon à Savoir lançait une pétition pour mettre un terme aux prix exorbitants du roaming (ce que l’abonné paie lorsqu’il utilise son téléphone mobile à l’étranger). En cinq semaines seulement, près de 56 000 signatures ont été récoltées. En soutien à cette requête, deux motions et une interpellation ont été déposées au Parlement fédéral avec les mêmes arguments: imposer aux opérateurs suisses des maximas pour les tarifs d’itinérance.
Le gouvernement vient de prendre position et rejette ces deux motions. Il estime, en effet, qu'une telle mesure réduirait la facture téléphonique des consommateurs, mais désavantagerait les petits opérateurs. «Autrement dit, le Conseil fédéral se préoccupe davantage des opérateurs que des consommateurs», constate Zeynep Ersan Berdoz, rédactrice en chef de Bon à Savoir.
Accord bilatéraux
Dans sa réponse, Berne affirme également que la fixation de prix plafonds entre opérateurs suisses et européens nécessiterait la conclusion d’un accord bilatéral. Il indique qu’il inclura cet aspect lors d’un prochain état des lieux de la politique européenne, mais avertit toutefois qu’il faudra examiner si une telle entente est compatible avec la réglementation de l’Organisation mondiale du commerce. «Rien de nouveau, poursuit Zeynep Ersan Berdoz, l'argument a déjà été avancé par les opérateurs.»
L’union fait la force
Dans ce contexte, Pascal Martin, observateur attentif des télécoms en Suisse, indique qu'il existe une solution simple: «Comme les opérateurs affirment en choeur qu’ils ne tiennent pas le couteau par le manche, qu’ils sont trop petits à l’échelle internationale pour négocier des prix intéressants, il suffit de créer un consortium regroupant les trois opérateurs et qui négocie les tarifs des frais d’itinérance des clients de tous les opérateurs confondus».
Zeynep Ersan Berdoz estime que l'idée mérite d'être étudiée, mais encore faut-il que les opérateurs aient envie de s'entendre afin de négocier des tarifs avantageux.
En attendant, le gouvernement incite les opérateurs à répercuter les modifications de taux de change à l’avantage des consommateurs. «Ce qui est la moindre des choses, relève Zeynep Ersan Berdoz, puisque les opérateurs négocient entre eux en euros… Ils tirent donc un avantage supplémentaire lié à la force du franc.»
Marie Tschumi
Lire également notre enquête «Roaming: Berne attend, les Suisses trinquent!» publiée dans BàS 9/2011, soit juste avant la réponse du Conseil fédéral.