Les CFF n’ont rien à envier à Weight Watchers. Du moins rien à apprendre sur le thème du régime sec. Quand ils dégraissent, ce n’est pas avec le dos de la cuillère: 1400 emplois vont passer à la trappe d’ici à 2020. «Les CFF veulent renforcer leur compétitivité afin que les transports publics demeurent abordables pour la clientèle et les commanditaires», peut-on lire dans le communiqué diffusé à cette occasion. Une manière habile de faire digérer l’indigeste en touchant la corde sensible des usagers: le prix de leur titre de transport.
Et, pourtant, cela n’empêchera pas les usagers de devoir se serrer encore davantage la ceinture dès le 11 décembre prochain. On pense aux détenteurs de l’abonnement général (AG) qui vont débourser 205 fr. supplémentaires – 3860 fr. contre 3655 fr. – soit une hausse dépassant 5,6%. Tendance à laquelle les passagers sont habitués, puisque la hausse de l’AG a déjà atteint 31% entre 1999 et 2006, alors que l’indice des prix à la consommation n’a évolué que de 8,7%...
Avant de jouer les grands fossoyeurs d’emplois, l’ex-régie a trouvé l’«élégance» de préparer le terrain. Elle a annoncé que le bénéfice avait chuté de 20 millions pour s’établir à 72 millions au premier semestre: «Ce recul s’explique en premier lieu par l’alourdissement des charges de personnel et l’augmentation des amortissements liés aux investissements réalisés», dit-elle. Les comptables le savent: il suffit effectivement de gonfler les amortissements pour faire baisser le bénéfice net. Et hop, il suffit, ensuite, de faire porter le chapeau à qui l’on veut. En l’occurrence, ce sera pour la pomme de 1400 employés dont la charge salariale deviendrait trop lourde.
La diète imposée par les CFF est décidément douloureuse. Elle fait mal aux usagers, elle meurtrit l’emploi. Bref elle poignarde le service public. Reste quelques privilégiés qui échappent à ce régime draconien. On pense au grand patron des CFF, Andreas Meyer, dont le salaire de 2015 de près de 1,1 million, échappe à toute cure d’amaigrissement.
Yves-Noël Grin