Contrairement à ce que le Conseil fédéral et les partis politiques affirment, la qualité du service public est en train de se péjorer, lentement mais sûrement: retards de trains, wagons bondés, transformations de gares en centres commerciaux, salles d’attente en voie de disparition, diminution des guichets CFF, fermeture de 40% des offices de poste, abandon des cases postales...
Les usagers des services publics paient toujours plus cher des prestations toujours plus restreintes. Un abonnement général de 2e classe coûte actuellement 555 fr. de plus qu’en 2010, un demi-tarif 185 fr. au lieu de 150 fr., le prix d’un colis postal a doublé en 20 ans, le transfert du courrier suite à un déménagement est passé de 10 fr. en 2000 à 60 fr. aujourd’hui si on refuse que son adresse soit vendue à des tiers…
Pas étonnant, dès lors, que les plaintes soient en nette augmentation auprès de Bon à Savoir et de ses équivalents alémaniques (Ktipp et saldo) et tessinois (Spendere Meglio), qui ont décidé de lancer l’initiative Pro Service Public.
Méthode Coué
Pourtant, le Conseil fédéral, le Parlement dans son intégralité, les partis politique et presque tous les syndicats ne voient pas où est le problème. Ou plutôt si, ils disent (presque tous) partager les préoccupations de base des initiants, mais écartent la solution proposée d’un revers de la main, principalement parce qu’elle interdirait les bénéfices et les subventionnements croisés et, ainsi, mettrait en péril le financement des prestations de base.
Or, il n’en est rien! Le texte n’exclut ni l’un ni l’autre, comme l’a confirmé, hier, dans un article du Tages-Anzeiger, l’une des meilleures références juridiques dans le domaine, le professeur de droit constitutionnel Rainer Schweizer. Il n’a pourtant – c’est important de le souligner – aucun lien avec les initiants.
A court d'arguments
Du coup, la plus grosse partie de l’argumentation des opposants se dégonfle!
- Non, l’initiative n’interdit pas les bénéfices, elle exige simplement qu’ils ne tombent pas dans l’escarcelle fédérale comme un impôt déguisé, mais qu’ils soient réinvestis dans le maintien, l’amélioration et le développement des prestations à un prix raisonnable.
- Non encore, l’initiative n’exclut pas les subventionnements croisés, mais elle les limite au sein d’une même entreprise. Les bénéfices de PostFinance pourront ainsi continuer à financer les offices postaux décentrés, mais n’alimenteront plus le budget courant de la Confédération.
- Quant à la volonté de limiter les salaires des top-managers – les directeurs de La Poste et des CFF gagnent deux fois plus que Doris Leuthard, leur ministre de tutelle, et celui de Swisscom trois fois plus (soit 1,8 million!) – elle ne paraîtra certainement pas incongrue aux employés de base qui n’espèrent même pas dépasser les 5000 fr. par mois.
Faites passer le message
En acceptant l’initiative le 5 juin prochain, les consommateurs s’assureront que les services publics le restent vraiment, envers et contre tous ceux qui rêvent de les privatiser à leur profit, mais au détriment des usagers. Faites passer le message!
Pour en savoir plus : site web de l'initiative "En faveur du service public".
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