La production des sticks commence en haute mer. Capturés avec d’énormes filets, les poissons sont nettoyés et découpés, puis pressés et immédiatement congelés. Une méthode censée garantir une fraîcheur optimale. Et, dans les faits, c’est heureusement le cas. Après avoir été analysés (lire encadré), aucune bactérie pathogène n’a été trouvée dans les quatorze produits testés ici (voir tableau).
Mais contiennent-ils des polluants? Sont-ils composés majoritairement de poisson? Et sont-ils globalement sains pour la santé? On pourrait en douter, puisque, une fois capturés et congelés, les poissons sont encore découpés, puis panés et frits dans de l’huile végétale.
Un peu pingre
Bien qu’exempts de germes et de métaux lourds, aucun des quatorze produits n’a décroché la mention suprême. Cinq ont néanmoins obtenu un bon résultat final. Le meilleur de tous, qui est également le plus cher, le Naturaplan de Coop, contient la plus grande quantité de poisson (plus de 70%) et n’a aucun polluant ni le moindre agent pathogène.
En revanche, il renferme très peu d’oméga 3, des acides gras reconnus pour leurs effets bénéfiques sur le système cardiovasculaire.
Dans les autres emballages, le pourcentage de poisson est clairement inférieur. Les bâtonnets de Globus et les Crack-Sticks de Findus, par exemple, en ont à peine 56%. Par ailleurs, la teneur en oméga 3 varie considérablement selon les produits: de 53 à 826 mg par 100 g.
Gras et caloriques
Pour ce qui est des acides gras saturés, les théories ont récemment évolué. Plusieurs nouvelles études montrent qu’ils ne provoquent pas davantage de maladies cardiaques, contrairement à ce qu’on a supposé pendant longtemps. Mais la modération reste de mise, sachant qu’un seul gramme de matières grasses est deux fois plus calorique qu’un gramme de protéines ou de glucides! Les croustilles de poisson de Volg sont celles qui s’en tirent le mieux avec «seulement» 7,2 g de lipides pour 100 g. Et, pour éviter de rajouter plus de graisse encore, mieux vaut privilégier une cuisson au four qu’à la poêle et, mieux, faire les sticks soi-même*.
Gare aux polluants!
Au chapitre des polluants, les analyses se sont surtout concentrées sur la présence de 3-MCPD, un contaminant qui survient quand des aliments gras et salés sont chauffés ou durant le raffinage des graisses et des huiles. Dans le cas des bâtonnets de poisson, il se forme quand ils sont frits.
Des études sur des animaux ont montré que cette substance pouvait conduire, à hautes doses, à la formation de tumeurs. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) la classe d’ailleurs comme «potentiellement cancérogène» pour les humains. Par ailleurs, l’Union européenne est en train d’étudier la formation de 3-MCPD dans différents aliments pour mieux évaluer les risques.
Pour l’heure, il est recommandé de ne pas en consommer plus de deux microgrammes (μg) par kilo de poids corporel par jour. Ainsi, un enfant de 9 ans qui pèse 30 kg ne devrait pas dépasser 60 μg quotidiennement. En mangeant quatre bâtonnets de cabillaud Pelican achetés chez Migros ou quatre sticks de poisson Denner ou de bâtonnets Almare d’Aldi, la quantité maximale recommandée est déjà atteinte de moitié.
Pas de valeurs limites
Face à ces résultats, le discounter Aldi affirme qu’il va «vérifier le processus de production» et l’optimiser. Migros souligne, de son côté, qu’aucune limite légale concernant le 3-MCPD n’existe pour ce qui est des graisses et des huiles. Mais signale que l’industrie et les fournisseurs sont au courant de l’importance et de la portée de cette substance.
Enfin, le fabricant de Denner rapporte qu’aucune preuve solide n’existe pour le moment. Et que les quantités admises quotidiennement ne sont pas dépassées quand on mange une portion de ses bâtonnets de poisson.
Alexandra Uster / mt
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Dans le détail
Critères du test
Un laboratoire spécialisé a analysé les bâtonnets de poisson selon les critères suivants.
1 Composition
> Part de poisson: pour estimer la quantité de poisson dans chaque bâtonnet, les experts ont retiré la panure, puis l’ont pesée.
> Matières grasses: le laboratoire a relevé la proportion de matières grasses dans chaque produit, le profil des acides gras, ainsi que la quantité d’oméga 3.
2 Polluants: il peut arriver que des métaux lourds se retrouvent naturellement dans les poissons. Dans cette idée, les experts ont traqué le plomb, le cadmium et le mercure dans chaque produit. Mais également la présence d’acides gras trans, d’éther glycidylique et du contaminant 3-monochloropropane-1,2-diol (3-MCPD).
Les analyses du laboratoire n’ont pas décelé de traces de métaux lourds et d’acides gras trans ou seulement en quantités minimes.
3 Germes: pour savoir si les bâtonnets étaient d’une hygiène irréprochable, les recherches ont également porté sur la présence de germes, de bactéries Escherichia Coli et Listeria, de salmonelles et de staphylocoques.