On le trouve sur presque tous les produits vendus dans le monde entier et il est censé donner plein d’informations utiles à qui de droit. Pourtant, le code-barres reste un mystère et même un piège potentiel pour le consommateur. Car seuls les producteurs et les distributeurs possèdent les clés nécessaires à son déchiffrage intégral.
Le format le plus répandu (EAN) propose des formules avec huit ou treize chiffres, mais ce sont les 95 lignes d’une largeur de 0,33 millimètres, noires ou blanches, regroupées ou non, qui forment le fameux dessin que seuls des lecteurs optiques peuvent décrypter.
⇨ Tout commence assez logiquement. Sur 13 chiffres, les deux premiers (en vert sur l’illustration) correspondent au pays non pas de production comme on le croit souvent, mais de celui où l’entreprise a fait une demande de code: 76 pour la Suisse, 30 à 37 pour la France, 40 à 44 pour l’Allemagne, 69 pour la Chine, etc.*
⇨ La suite est plus difficile d’accès: les cinq chiffres qui suivent (en rouge) sont liés au producteur du produit. Mais l’identifier est mission impossible sans recourir au site de GS1, l’association qui gère les codes EAN(1): on apprend, ainsi, que Coop correspond, parmi bien d’autres suites, à 13356.
➛Les cinq chiffres suivants (en bleu) concernent le produit. Mais le site ne vous en dira rien: ni qu’il contient 180 grammes de yogourt aux cerises, ni qu’il est fait avec du lait suisse, ni que sa quantité de matière grasse a été volontairement réduite, etc. Sans parler des valeurs nutritionnelles que Bon à Savoir et son équipe de lecteurs bénévoles sont obligés d’entrer une à une dans la banque de données de NutriScan. Pas d’information non plus sur le prix, que les caisses enregistreuses identifient en mettant en parallèle le code-barres et une liste informatique interne, de façon à pouvoir le modifier sans problème.
⇨ Enfin, le dernier chiffre est une clé de contrôle.
Même pas unique
Reste que si le code-barres est unique, il est censé, pour autant qu’on puisse le décrypter, identifier un produit avec certitude. Eh bien non! Car, s’il commence par un 2, cela veut dire qu’il n’est pas relié au système EAN et que c’est donc un code interne à l’entreprise avec toutes les surprises que cela peut réserver!
C’est la curieuse aventure qui est arrivée à un de nos lecteurs, adepte de notre application NutriScan. En voulant scanner un article avec son smartphone pour en connaître les valeurs nutritionnelles, c’est l’incompréhension: la suite 28103301, flanquée sur un bocal de pesto Calabrese dans un magasin Aldi, le renvoyait, dans notre application, à un même produit de la même marque, mais préparé alla Genovese. Un score orange pour le premier, rouge pour le deuxième, plus gras et plus salé...
D’ailleurs, le même code-barres figure également sur un pot de pesto Rosso, avec des valeurs nutritionnelles encore différentes. A la caisse, pas de problème, puisque le prix est identique pour les trois produits. Mais on ne voit pas comment le magasin va gérer les stocks... Et il ne nous reste plus qu’à adapter notre application pour permettre d’intégrer ce genre d’inepties!
Changement de recette
Autre problème de taille: le magasin reste libre de modifier son produit, tout en gardant le même code-barres. Le nectar sans sucres, ou presque, peut donc être complété à volonté si les ventes ne suivent pas... «C’est un peu comme une plaque d’immatriculation, commente Jean-Philippe Rod, directeur de la société Gomaro(2), spécialisée dans l’impression et la lecture des codes-barres. Vous pouvez tout aussi bien la poser sur une 2CV qu’une BMW...» D’où l’importance, une fois encore, que les consommateurs restent attentifs et nous signalent chaque erreur ou modification repérée: nous avons également amélioré notre application à cette fin.
Christian Chevrolet
Lire le bonus web: Code-barres et pays