Les années passant, les livres s’accumulent. Des piles envahissent le salon et s’entassent au pied des étagères, déjà remplies à craquer. Au lieu de les jeter, pourquoi ne pas simplement les donner? Voici quelques repères pour ceux qui souhaitent alléger leur bibliothèque.
Bibliothèques et bouquinistes
Les bibliothèques acceptent les dons, mais fixent des conditions strictes. La Bibliothèque municipale de Genève, par exemple, n’accepte que les ouvrages en parfait état, de moins de cinq ans et qui touchent un large public. Au-delà de 50 pièces, il faut faire une demande écrite. Par ailleurs, on ne va guère s’enrichir en vendant ses vieux livres. Les libraires bouquinistes que nous avons contactés sont très sélectifs et privilégient les exemplaires rares ou anciens. Globalement, le marché de l’occasion est saturé. Les marchés aux puces et les vide-greniers restent également une possibilité, même si on y trouve de moins en moins de livres. On peut aussi tenter sa chance sur les sites internet des petites annonces gratuites. La vente n’est toutefois pas garantie et peut prendre du temps.
Donner à des associations
Les centres caritatifs récupèrent les livres gratuitement, puis les revendent très bon marché. Les magasins du Centre social protestant (CSP), Emmaüs ou les brocantes de l’Armée du Salut sont présents dans toute la Suisse romande. La situation diffère passablement d’un lieu à l’autre. Généralement, si on a un ou deux cabas, on peut directement se rendre au magasin le plus proche durant les heures d’ouverture. En cas de gros volumes, il est préférable de passer un coup de fil à l’avance pour prévenir de sa venue au centre de tri. Certaines associations croulent sous les dons et manquent parfois de place pour stocker les nouveaux arrivages, bien que ceux-ci restent très appréciés. Des actions ponctuelles méritent aussi d’être signalées. La Fondation Payot organise chaque année, en avril une récolte solidaire. Elle invite les lecteurs à faire des dons pendant les dix jours qui précèdent la Journée mondiale du livre.
Les boîtes à livres
Elles essaiment aux quatre coins du pays. En 2015, la Nuit de la lecture a transformé, à Lausanne, la première cabine téléphonique de Suisse en boîte à livres. «Le succès a dépassé toutes nos attentes», explique son fondateur Xavier Vasseur. Ces cabines téléphoniques ou caissettes à journaux transformées permettent à chacun de découvrir de nouveaux ouvrages sans bourse délier. Ce sont des lieux d’échange sans contrepartie. La majorité des utilisateurs se tournent vers les boîtes à livres, parce qu’ils ont trop de bouquins pour tous les garder, mais n’aiment pas les jeter. Le projet participe tant à la diffusion de la culture qu’à une économie du partage au niveau local, souligne l’association. Cette solution n’est toutefois pas vraiment adaptée en cas de grosse quantité à écouler, comme lors d’un déménagement ou d’un décès. Xavier Vasseur renvoie, dans ce cas, plutôt aux associations caritatives. Le site lanuitdelalecture.ch recense toutes les boîtes à livres de Suisse romande qui lui sont signalées.
Un tri nécessaire
Tous les ouvrages ne sont pas bons à donner. Un tri est nécessaire. Les centres caritatifs ou les boîtes à livres ne sont pas des débarras ou des poubelles. Les bouquins doivent être en bon état. Même si c’est difficile, il ne faut pas hésiter à en jeter! Ceux qui sont déchirés, mouillés, gondolés ou raturés ne sont pas repris. Les guides de voyage de plus de cinq ans et les manuels d’informatique de plus d’un an ne sont pas conservés dans les boîtes à livres. Quant aux encyclopédies, aux dictionnaires en plusieurs volumes ou aux magazines (GEO ou Reader’s Digest par exemple), ils finissent généralement à la benne à papier. A l’inverse, certains ouvrages sont très prisés. C’est particulièrement le cas de ceux pour la jeunesse et des bandes dessinées. Les livres de poche, les romans récents, les polars et les grands classiques de la littérature française trouvent aussi facilement preneurs.
Bookcrossing
Ce concept original, né en 2001, consiste à faire circuler ses bouquins en les lâchant dans la nature pour qu’ils soient lus par d’autres personnes. L’idée est la suivante: lisez un livre, étiquetez-le, puis partagez-le. Il est ensuite possible de suivre ses péripéties par l’intermédiaire de la plateforme internet grâce au code inscrit sur l’étiquette. La personne qui s’en empare peut signaler sa découverte sur le site, y déposer une critique et lancer une discussion avec d’autres lecteurs. Le système peine toutefois à décoller en Suisse. Il est assez rare de trouver des ouvrages abandonnés dans un bus ou sur un banc. Il est impossible de laisser un bouquin n’importe où, celui-ci va vite se détériorer en raison du froid, de l’humidité ou de la pluie, avance Xavier Vasseur, pour qui les espaces fermés, comme les boîtes à livres, sont plus adaptés.
Alexandre Beuchat
Bonus web: «Comment créer sa boîte à livres»