Les polémiques récentes entourant le nouveau passeport biométrique ou le service Google Street View – qui permet de naviguer virtuellement dans les rues des grandes villes – l’attestent clairement: il ne faut pas trop titiller les Suisses sur la question du respect de la vie privée. Une problématique qui n’épargne pas les courses populaires, dont les listes d’inscriptions aiguisent les convoitises de certaines compagnies. Sans parler de la notion de droit à l’image, que les nouvelles technologies ont rendue plus actuelle que jamais.
Evolution progressive
«Les règles visant au respect de la sphère intime n’ont été mises en place que progressivement, au fur et à mesure que se développait une certaine sensibilité à cet égard. Sensibilité qui n’existait guère en 1974, lorsque Sierre-Zinal a été créée. Puis, les choses ont évolué, et nous avec elles», explique Jean-Claude Pont, responsable de la célèbre course de montagne. En s’interdisant d’exploiter toute donnée personnelle, l’épreuve valaisanne figure aujourd’hui parmi les plus strictes en matière de confidentialité. «S’il nous est arrivé d’utiliser la photo d’un participant, nous l’avons toujours fait avec son accord», ajoute Jean-Claude Pont.
Usage promotionnel ou commercial
Les autres manifestations que nous avons sondées ne peuvent pas en dire autant, bien qu’elles fassent généralement la différence entre l’usage commercial ou strictement promotionnel des données récoltées (voir tableau). Les directives de la Course de l’Escalade stipulent, par exemple, que «des photos prises lors de la manifestation ou des entraînements en commun peuvent être publiées dans les imprimés, le matériel promotionnel et sur le site internet de l’organisateur».
De leur côté, tant Morat-Fribourg que le Grand Prix de Berne transmettent les coordonnées des participants à un ou à plusieurs partenaires commerciaux. «Le sponsoring représente la moitié du budget d’une manifestation comme la nôtre. Si on ne peut plus conclure ce genre d’accord, il faut s’attendre à voir les finances d’inscription prendre l’ascenseur», se défend Laurent Meuwly, directeur exécutif de la classique fribourgeoise. Avant de rappeler qu’une case à décocher permet, au moment de l’inscription, de limiter l’usage des données personnelles au strict minimum, soit à la liste officielle des résultats.
Une possibilité d’ailleurs précisée noir sur blanc par toutes les courses populaires de notre comparatif, à l’exception de celle de l’Escalade – mais à des fins promotionnelles uniquement. «Il nous est déjà arrivé d’accéder à une demande spontanée, mais nous ne sommes pas encore allés au bout de la réflexion. Et cela ne saurait tarder!» rassure son président, Jean-Louis Bottani.
De quoi rendre attentifs les sportifs de tout poil, qui n’oublieront pas de prendre connaissance des règlements des courses auxquelles ils participent.
Frank-Olivier Baechler
Pour télécharger le tableau comparatif, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.