Après 130 ans de bons et loyaux services, la vieille lampe à filament a fini par claquer! Depuis le 1er septembre, elle est définitivement bannie des rayons, remplacée par des lampes à diodes luminescentes (LED) à côté des ampoules fluocompactes. Ces dernières font désormais pâle figure comparées aux LED actuellement sur le marché et cela, sous bien des aspects.
A commencer par leur durée de vie et la quantité de cycles de commutation (on-off) qui ne tiennent pas leurs promesses (lire «Les ampoules éco... ne brillent guère», BàS 4/2012). Les fluocompactes sont aussi désagréablement lentes au démarrage, perdent en luminosité avec le temps et la couleur de leur lumière n’est pas très appréciée. Par ailleurs, elles produisent plus d’électrosmog que les LED et laissent échapper des composés organiques volatils dont certains sont cancérogènes. Enfin, elles contiennent des substances toxiques, dont du mercure, problématiques lorsque les ampoules se cassent ou ne sont pas recyclées.
A l’inverse, les LED s’allument quasi instantanément, ont une durée de vie nettement plus longue, ne contiennent pas de mercure et diffusent une meilleure qualité de lumière. Certes, elles produisent aussi de l’électrosmog, mais dans de bien moindres proportions.
Pour mesurer la performance des modèles courants, nous avons envoyé douze ampoules dotées duculot standard E27 au Laboratoire allemand PZT, à Wilhelmshaven, qui a testé la luminosité, la capacité de commutation, la durée de vie, la température et le rendu des couleurs ainsi que l’efficacité énergétique (lire encadré). Les résultats sont réjouissants pour des produits dont les prix ont bien chuté, compris entre 17.95 fr. et 58.85 fr. dans notre échantillonnage. Quatre modèles sont jugés «très bon», sept «bons» et un seul se contente de l'appréciation «satisfaisant» (voir tableau).
Toshiba occupe les deux premières places de ce classement avec ses modèles A-Shape 6 W (de respectivement 4000 et 2700 kelvins). Ikea obtient une note plus qu’honorable (5.4 sur 6), pour un produit vendu moins de 18 fr. C’est le meilleur rapport qualité/prix de notre panier. A l’autre bout du tableau se trouve le modèle Supashop. Non seulement celui-ci a montré des faiblesses au niveau technique (luminosité, qualité de la lumière, notamment), mais il a aussi été pénalisé de 0.2 point – de même que le produit Ledfox – à cause d’un emballage muet sur la durée de vie, la luminosité et la capacité de commutation de l’ampoule.
Peu de pertes de luminosité
Lors du test, la luminosité mesurée, exprimée en lumens (lm), était à chaque fois supérieure à la valeur annoncée par le fabricant, hormis pour l’ampoule Supashop. Le laboratoire a refait les mesures après 2000 heures d’utilisation. Résultat: sur tout l’échantillonnage, seuls trois produits ont souffert d’une perte de puissance du faisceau lumineux supérieure à 10%: Osram Superstar Classic A 50, Supa shop et Ledfox. Pour les deux produits de Toshiba, l’ampoule Ikea, la Philips My Ambiance (470 lumens) et l’Osram Parathom Classic A 60 Advanced, la perte était en revanche à peine perceptible.
Au contraire des lampes économiques, les LED ne craignent pas les allumages intempestifs. Tous les modèles ont supporté 22 000 cycles de commutation sans défaillir. De plus, mis à part l’ampoule Megaman – qui a rendu l’âme au bout de 1340 heures d’utilisation –, tous les modèles étaient encore dans la course après 2200 heures. A en croire les fabricants, leurs lampes LED peuvent endurer jusqu’à 40 000 heures d’utilisation et 1 million de cycles de commutation. Notre test se poursuit, afin de vérifier ces affirmations.
Plus blanc que blanc
L’unité de mesure de la couleur apparente de la lumière est le kelvin (K), allant du rouge chaud (1000 K) au bleu froid (20 000 K). L’indication de cette valeur est importante, car du nombre de kelvins dépend l’ambiance qu’on désire donner à la pièce. La plupart des ampoules testées indiquent 2700 K, soit la valeur habituelle d’une ampoule à incandescence. Sur ce point, les emballages se sont révélés, hélas, peu fiables. Pour les modèles Philips My Ambiance et My Vision, les valeurs mesurées étaient inférieures de 500 K à celles figurant sur le carton. Du coup, la lumière diffusée a une forte dominance jaune-rouge. Philips a promis de corriger ce défaut.
En revanche, ces deux modèles ont obtenu les meilleurs résultats pour le rendu des couleurs, à savoir la capacité à restituer les couleurs du spectre visible, sans en modifier les teintes. L’indice de rendu des couleurs (IRC) d’une ampoule a incandescence est proche de la valeur 100, ce qui correspond à la lumière du jour. Dans le cas des Philips, l’IRC était de 89, là où les modèles Ledfox et Supashop n’obtiennent respectivement qu’un médiocre 73 et 67.
Les lampes LED ont un excellent rendement. Toutes celles que nous avons testées bénéficient de l’étiquetteEnergie A. Sur ce plan, les meilleures sont Philips My Ambiance (806 lumens), Osram Parathom Classic A 60, Ledfox et Supashop.
Le bilan est moins positif par rapport aux courants électriques et magnétiques émis par ces lampes (électrosmog) et dont les effets sur la santé sont encore mal connus. La plupart produisent des émissions relativement élevées. Nous nous sommes basés sur la norme suédoise TCO, créée pour les postes de travail avec écran et considérée comme sévère, l'objectif étant de maintenir les niveaux d’exposition les plus faibles possibles.
Les écarts les plus importants par rapport aux valeurs admises ont été observées au niveau des basses fréquences avec des dépassements de 10 volts par mètre (V/m). Les mesures effectuées à 50 cm et 70 cm ont toutefois montré que l’exposition diminuait fortement avec la distance. Par précaution, il vaut donc mieux éviter d’utiliser les LED comme lampes de chevet ou de bureau. En revanche, elles se prêtent à toutes sortes d'utilisations, y compris à l’extérieur où les tests ont montré qu’elles résistaient à des températures allant de –20°C à +60°C.
Jeannette Büchel / phc
EN DÉTAIL
Les critères du test
A la demande de Bon à Savoir, le Laboratoire PZT de Wilhelmshaven, en Allemagne, a vérifié les points suivants.
- Perte de luminosité – Plus le nombre de lumens (lm) est élevé, plus vive sera la lumière. Une valeur de 350 à 500 lm correspond à l’éclat d'une ampoule à filament de 40 watts et une valeur de 550 à 710 lm équivaut à celui d’une ampoule d'une puissance électrique de 60 watts. Le laboratoire a mesuré les écarts entre la réalité et les indications figurant sur l’emballage. Il a ensuite calculé les pertes de luminosité après 2000 heures d’utilisation.
- Capacité de commutation – Combien de cycles allumé-éteint les lampes peuvent-elles supporter? Pour le savoir celles–ci ont été enclenchées durant
1 minute puis laissées au repos 5 minutes et ainsi de suite, en continu. Elles ont actuellement supporté 22 000 cycles. Le test se poursuit. - Température de couleur – Ecart avec les indications – La température de couleur est une indication qualitative du faisceau lumineux. On parle de «blanc chaud» au-dessous de 3300 kelvins (K), de «blanc neutre» entre 3300 K et 5000 K et de «blanc froid» au-delà. Les vieilles ampoules à filament font généralement 2700 K.
- Rendu des couleurs – La qualité d’une lampe se mesure aussi par la fidélité avec laquelle elle restitue les couleurs visibles. La valeur maximale est 100, ce qui correspond la lumière du jour.
- Efficacité énergétique – Les experts ont mesuré la quantité d’énergie lumineuse restituée par rapport à l’énergie électrique fournie.
- Durée de vie – Les lampes sont actuellement enclenchées durant des cycles de 165 minutes, puis éteintes
15 minutes et ainsi de suite. Les ampoules ont d'ores et déjà passé le cap des 2200 heures. Ce test se poursuit également. - Electrosmog – Les émissions de courant électromagnétique ont été mesurées selon la sévère norme suédoise TCO, conçue pour les postes de travail avec écrans. Pour les hautes fréquences, celle-ci admet des valeurs maximales de 1 volt par mètre lorsque la source d’émission est placée à 30 cm de distance du sujet. Pour les basses fréquences, la norme autorise des valeurs maximales de 10 volts par mètre.