1. Vente forcée: faut pas pousser le bouchon!
Depuis le mois d’avril, une vieille connaissance de Bon à Savoir fait de nouveau parler d’elle. Basée en Belgique, cette entreprise pioche des numéros de téléphone au hasard et fait croire à ses interlocuteurs qu’ils ont commandé des vins coûteux deux ans auparavant (!). Elle les presse de payer pour que le vin puisse être livré, et soutient même posséder un enregistrement téléphonique du contrat. Bien entendu, le prétendu enregistrement est fictif, puisque la commande l’est aussi.
Cette arnaque se répète presque à l’identique depuis 2013, mais la société change de nom à chaque fois. Après «Les enfants de Bacchus» ou «Marquise Inès d’Arve», elle s’appelle actuellement «Le bouchon doré». Elle est basée à Etterbeek et son représentant est nommé M.A. Vaudois ou Paul Sarment. L’IBAN renvoie à un compte de la bpost bank – la banque postale belge – et le numéro de téléphone, suisse cette année, est celui d’un call-center. La facture transmise par courriel, que nous a envoyé notre lecteur Yannick Champion (photo), est souvent identique: une note de 1648.80 fr. pour deux fois 12 bouteilles de vin français qui existent réellement, mais vendues beaucoup plus cher qu’elles ne coûtent en réalité.
⇨ Les bons réflexes
• Pour se débarrasser de l’importun, signaler qu’aucune commande n’a été passée et refuser la livraison. Si les appels persistent, bloquer le numéro – une manœuvre possible sur les téléphones mobiles et un grand nombre de fixes.
• Si le vin est livré malgré tout: informer par écrit la société – mieux vaut le faire par recommandé – qu’aucune commande n’a été passée, que la facture ne sera pas payée et que la marchandise est à sa disposition pour qu’elle vienne la récupérer, dans un délai de 15 jours.
• Ne pas renvoyer la marchandise, car l’expéditeur pourrait faire preuve de mauvaise foi et affirmer n’avoir rien reçu. S’il ne vient pas récupérer les articles dans les délais, le destinataire peut en disposer.
• Si l’entreprise engage des poursuites – ce qui est peu probable ici, faire opposition dans les dix jours. Elle ne pourra la faire lever qu’en apportant la preuve de la commande.
2. Paul de Vartens: la tactique du soin gratuit
Trois lectrices ont rencontré des problèmes avec l’entreprise de cosmétiques Paul de Vartens depuis le début de l’année. Active dans le démarchage à domicile, ses produits sont vendus par des représentantes qui se déplacent pour un soin du visage gratuit. Elles se présentent comme des esthéticiennes envoyées par une amie. L’amie en question, bien réelle, a souvent cédé les coordonnées lors d’un précédent rendez-vous…
Une première lectrice s’est laissée convaincre, mais a attendu près de cinq mois pour recevoir ses produits, sans avertissement ni dédommagement pour le retard. Le temps d’attente annoncé était pourtant de trois à quatre semaines! Devant des démonstratrices décrites comme très persuasives, deux autres ont craqué pour des produits valant plusieurs centaines de francs, avant de se rétracter. Dans le cadre d’un démarchage à domicile ou par téléphone, en effet, la loi laisse 14 jours au consommateur pour résilier le contrat, sans qu’il soit nécessaire de donner une raison.
Le hic? Pour l’heure, nos lectrices n’ont toujours pas été remboursées, plus de deux mois après leur achat. L’une d’elles attend plus de 400 fr., l’autre, Alexia Dugerdil (photo), un acompte de 70 fr. versé au moment de l’achat. En outre, l’un des points des conditions générales du contrat (le 2a) est illicite. Il indique que, en cas de résiliation, l’acheteur pourrait devoir rembourser les prestations reçues à domicile – c’est-à-dire le soin du visage, dont le coût s’élèverait à 100 fr. Or, comme le soulignent nos juristes, s’il a été annoncé comme gratuit, il ne peut en aucun cas être facturé après coup.
Malgré nos demandes répétées, nous n’avons jamais reçu de réponses de Finan Sarl, qui distribue les produits Paul de Vartens.
⇨ Les bons réflexes
• Si l’on n’envisage pas l’achat de cosmétiques, mieux vaut renoncer au soin gratuit. Refuser toute commande à une personne qui vient de s’occuper longuement de vous peut s’avérer difficile…
• Ne pas compter sur le droit de rétractation, même si la démonstratrice insiste sur le fait que vous pouvez facilement annuler la commande. Les témoignages que nous avons reçus montrent que cette démarche prend du temps et que l’entreprise rechigne à rembourser.
• Si vous passez commande et changez d’avis, avisez la société dans les 14 jours par courrier recommandé que vous résiliez le contrat, sans donner de raison. Exigez aussi le remboursement de l’acompte, même si elle prétend qu’il sert à couvrir le coût du soin à domicile.
3. Euro-Lotto: plus à perdre qu’à gagner
Démarchée par téléphone par la société Eurolotto ou Euro-Lotto, Marie-José Werro a conclu un abonnement de trois mois pour l’achat de grilles Euro Millions, pour 498 fr. Le concept? A chaque tirage, l’entreprise joue quelques centaines de grilles pour le compte d’une communauté de 99 joueurs. Les gains sont ensuite divisés entre les membres du groupe. En sus, une grille individuelle est jouée à chaque tirage, sur laquelle les gains ne sont pas partagés en cas de succès.
Notre lectrice reconnaît avoir cédé, comme le confirme un extrait de l’enregistrement du récapitulatif du contrat. Elle a toutefois l’impression de s’être fait avoir, car la démarcheuse aurait d’abord prétendu qu’elle avait gagné le gros lot, avant d’expliquer qu’elle aurait de bien meilleures chances de gagner qu’en jouant seule. Ce qui est vrai… à un détail près: les gains sont bien sûr plus fréquents, puisque davantage de grilles sont jouées. Mais, comme ils sont divisés entre les joueurs, ils sont aussi plus faibles!
En outre, seule une petite partie de la somme payée pour l’abonnement est investie dans l’achat de grilles d’Euro Millions: moins d’un tiers, d’après nos calculs basés sur les chiffres donnés par Euro-Lotto sur son site internet! Selon l’entreprise, la somme restante finance ses coûts de fonctionnement ainsi que l’achat d’un bon remis tous les trois mois aux joueurs, qui leur offre trois nuits d’hôtel en échange du paiement d’une somme forfaitaire pour les repas.
⇨ Les bons réflexes
• Ne pas s’engager par téléphone sans réfléchir, car un contrat oral a la même valeur juridique qu’un contrat écrit. En outre, Euro-Lotto enregistre la conversation et dispose d’une preuve qu’il a bien été conclu. Si vous craquez puis changez d’avis, résiliez le contrat par courrier recommandé dans les 14 jours.
• Tenir compte du fait que la société est sous le coup d’une procédure lancée par la Commission des loteries et paris (Comlot), qui estime son activité contraire à la loi, notamment parce qu’elle exploite une loterie sans détenir les autorisations requises. En octobre 2016, la Comlot lui a donné 180 jours pour cesser ses activités, mais Euro-Lotto a fait recours et bénéficie d’un effet suspensif pour les poursuivre.
Vincent Cherpillod