Alors que les premiers frimas de l’hiver s’annoncent, Stefany et Benjamin Schlaefli se retrouvent fort dépourvus! En décembre 2016, ils s’offrent un beau cadeau après avoir longuement économisé: un voyage au Canada, pendant lequel ils profitent de s’acheter deux doudounes en plumes de la marque Nobis à 800 $ la pièce. Un an et demi plus tard, ils décident de confier les précieuses vestes au Pressing 5 à sec du Centre commercial de Romanel (VD). «On avait peur de les abimer en les lavant nous-mêmes», nous a confié notre lectrice
lausannoise.
Lorsque le couple les récupère, quelques jours plus tard, c’est la douche froide. Il constate qu’elles ont perdu du volume et que le tissu extérieur est altéré. Retour à la case pressing, mais sans succès: malgré un second séchage, elles ne retrouvent pas leur état initial. Ne parvenant pas à s’entendre avec le personnel du pressing sur un éventuel dédommagement, les lecteurs conviennent d’un rendez-vous avec sa responsable régionale. Tout ce petit monde se dirige alors vers un magasin qui vend la marque Nobis pour comparer avec un modèle neuf, puis rend visite à son importateur pour la Suisse. Ce dernier confirme la dégradation du tissu extérieur et la perte de 20% de la densité de plumes, qu’il attribue à une température de séchage trop élevée. «Cela n’arrive pas lorsque nous lavons nous-mêmes ces vestes», précise-t-il encore dans un e-mail adressé à nos lecteurs.
De la faute de personne?
5 à sec, de son côté, dément toute erreur et assure avoir respecté scrupuleusement les indications d’entretien figurant sur l’étiquette. Celle-ci précise notamment que le séchage peut être effectué à la machine, mais à une température modérée. L’entreprise de nettoyage a-t-elle fauté sur ce point? Pour le savoir, les deux parties conviennent de faire expertiser les vêtements par un laboratoire français qui leur propose des délais courts. Pour nos lecteurs, le verdict est mi-figue mi-raisin: oui, les doudounes ont bien été endommagées par le lavage – elles ont perdu un peu de volume et un peu de tenue – mais non, ces modifications ne résultent pas d’un mauvais entretien. Le laboratoire conclut qu’aucun élément ne vient engager la responsabilité du nettoyeur.
Une deuxième expertise, confiée à l’Institution de médiation des associations suisses des textiles, confirme que 5 à sec n’a pas maltraité les vêtements. L’entreprise, qui se considère blanchie, a donc refusé de faire un geste. Pour nos lecteurs, il ne reste plus qu’à repasser par la case magasin. Et à éviter autant que possible de laver les prochaines doudounes, puisque, de l’avis des experts du laboratoire français, «il est difficile de redonner tout son volume d’origine à un garnissage en plumes». D’ailleurs, la représentante de 5 à sec en convient: «Moins on lave ces vestes, mieux c’est…»
Vincent Cherpillod
Conseils
Négligence difficile à prouver
Que faire lorsqu’un vêtement ressort du pressing en piteux état? Selon leurs conditions générales, la plupart des entreprises de nettoyage déclinent toute responsabilité, sauf en cas de négligence grave. En clair, cela signifie qu’il faut pouvoir prouver qu’elles n’ont pas respecté les indications de l’étiquette d’entretien pour bénéficier d’un dédommagement! De plus, celui-ci ne correspondra pas à la valeur à neuf du vêtement, mais à sa valeur résiduelle.
S’il a bien été abîmé, mais que le pressing est mis hors de cause par l’expertise d’un laboratoire – par exemple à cause d’une étiquette d’entretien erronée –, il y a fort à parier que l’entreprise de nettoyage se défilera et laissera le client se débrouiller avec le fabricant, comme nous l’a indiqué 5 à sec. Dans le cadre de cette enquête, d’ailleurs, nous avons demandé à Nobis si l’indication «séchage à température modérée» était vraiment appropriée. En effet, la norme qui est à l’origine de ce pictogramme indique que le vêtement doit pouvoir supporter une température allant jusqu’à 60° C. Mais malgré trois demandes, la marque canadienne n’a pas répondu à nos questions.