16 394 victimes. D’après le rapport publié par l’Office fédéral de la statistique, les cyber-escrocs ont réalisé un joli butin dans nos contrées en 2020. Un chiffre qui ne représente que la pointe de l’iceberg: tous les lésés n’ont, et de loin, pas osé s’adresser à la police. Avant de vous lancer dans la dernière course aux cadeaux de Noël, voici donc quelques conseils pour flairer les arnaques sur le web.
Fuyez les sites non sécurisés
Ne payez jamais rien en ligne si la connexion n’affiche pas un petit cadenas dans la barre d’adresse, au plus tard au moment de la transaction. Il indique la présence d’un certificat de sécurité qui empêche les hackers de voler vos données bancaires. Mais il ne garantit pas que l’achat arrivera un jour… Les escrocs utilisent aussi des procédures de paiements sécurisés.
Soyez attentifs à la présentation, à la syntaxe et au contenu
Une société sérieuse et professionnelle soigne, en principe, son image. Une page truffée de fautes d’orthographe, aux traductions approximatives ou à la présentation qui fait mal aux yeux doit immédiatement mettre la puce à l’oreille. Idem s’il n’y a aucune condition générale de vente, ou qu’elles sont très mal écrites. Attention! Une page au look impeccable n’est pas toujours fiable non plus.
Contrôlez les coordonnées de la société
Un nom et une adresse qui permettent de localiser l’entreprise, voire un numéro d’inscription au Registre du commerce, c’est la base. Assurez-vous, avec une petite recherche sur le net, par exemple dans les annuaires locaux, que ces données sont plausibles. Méfiez-vous des enseignes aux infos lacunaires, qui ne proposent qu’un e-mail ou un formulaire de contact. Là encore, leur présence n’est pas synonyme de sécurité: les pirates les plus habiles savent cloner d’autres sites sérieux au complet. Et modifier simplement quelques données sur leur «copie» pour attirer des proies dans leurs filets.
Vérifiez la réputation du vendeur
Enquêter sur internet doit être votre réflexe de base. Parfois, taper le nom du site+arnaque dans sa barre de recherche apporte des réponses éclairantes. Mais prudence: le web regorge aussi de faux avis (positifs comme négatifs). Examinez d’où ils proviennent: selon qu’on les trouve sur la page du vendeur ou sur des sites spécialisés qui traquent les arnaques, leur crédibilité ne sera pas la même. Si le nom de l’entreprise n’apparaît nulle part, ce n’est pas bon signe non plus. Elle est peut-être aussi éphémère que bidon.
Méfiez-vous des prix trop attractifs
Quand l’offre est trop belle pour être vraie… partez du principe que c’est le cas. Chanel, Vuitton, Gucci ou autres enseignes prestigieuses ne bradent pas leurs marchandises à tout-va. A supposer que vous receviez un jour ce joli sac soldé à -70%, il s’agira sans doute d’une authentique contrefaçon. Pire: vous risquez des ennuis avec la marque (lire «Méfiez-vous des contrefaçons»).
Toutes ces précautions ne suffisent pas toujours. Malheureusement, les stratagèmes déployés par les arnaqueurs pour passer sous les radars sont de plus en plus habiles. Stephane Koch, spécialiste en sécurité de l’information et vice-président d’ImmuniWeb SA, recommande de bien peser le pour et le contre avant de commander sur un site inconnu, quitte à passer à côté d’une bonne affaire: «Si le critère de choix est un prix bas, attention aussi aux frais de douane ou de transport, pas toujours transparents, qui peuvent gonfler la note.»
Et il conclut par un autre bon conseil: «L’acheteur doit toujours se demander si le potentiel d’économie par rapport à un site de confiance ou un commerce proche de chez lui vaut la peine de courir un risque.» Moralité: si vous jouez, ne misez que ce que vous pouvez perdre.
Silvia Diaz
Quand le mal est fait
Une fois tombé dans le piège, difficile de revoir son argent. Les escrocs sévissent souvent depuis l’étranger et sont difficiles à identifier ou à poursuivre. Malgré tout, n’hésitez pas à porter plainte, au cas où. La démarche est gratuite.
Signalez aussi l’arnaque au Centre national pour la cybersécurité (report.ncsc.admin.ch). Certaines assurances très spécifiques couvrent les risques liés aux fraudes sur internet: pensez à vérifier les vôtres.
Si vous avez payé par carte de crédit, faites-la rapidement bloquer par sécurité. Mais, si le paiement est déjà parti, il y a peu de chances pour que la banque vous rembourse quelque chose: elle n’assume, en principe, pas ces aléas.