Les tomates séchées marinées à l’huile d’olive sont des antipasti appréciés. Elles permettent aussi de sublimer un sandwich, une salade, une assiette de pâtes ou encore un cake salé. Malheureusement, les bocaux vendus dans le commerce peuvent renfermer des substances indésirables, comme des hydrocarbures aromatiques (MOAH), des moisissures, des plastifiants ou encore des pesticides (lire «Les critères du test»).
Nous avons donc demandé à un laboratoire spécialisé d’analyser douze produits achetés dans les grandes surfaces. Résultat: seules les tomates séchées à l’huile d’olive de Delicatessa, une marque propre de Globus, ne contiennent pas de matières problématiques. C’est l’unique aliment de notre sélection élaboré en Suisse, et le plus cher: 5.45 fr. les 100 g! Mais attention à ne pas se tromper d’emballage au moment de l’achat: le pire produit du test, qui renferme pas moins de six pesticides, est de la même marque Delicatessa! Il s’agit des Pomodori Mediterranei.
Le bocal de Pomodoro alla siciliana, vendu par Migros, déçoit lui aussi. Les analyses ont révélé des traces de quatre pesticides. Ces résidus multiples posent un véritable problème, car les conséquences potentielles de leur présence combinée, même en quantités moindres, sur la santé – le fameux «effet cocktail» – inquiètent de nombreux scientifiques (lire «Tous exposés à un cocktail explosif»).
Hydrocarbures cancérigènes
Nos experts ont aussi trouvé des résidus d’hydrocarbures aromatiques d’huile minérale (MOAH) dans les tomates séchées de Dittman Feinkost et Fine Food. Ces substances peuvent passer des machines aux aliments lors du processus de fabrication. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) considère l’exposition aux MOAH comme «particulièrement préoccupante, car ces hydrocarbures peuvent provoquer des cancers et altérer le patrimoine génétique». Elle conseille aux fabricants d’éviter la présence de tels résidus. C’est la raison pour laquelle nous avons considéré qu’un produit qui contenait des MOAH devait être considéré comme «fortement contaminé» dans notre appréciation finale.
Sans plastifiants, c’est possible
Six produits sont pollués par de petites quantités de plastifiants. Composants qui rendent les plastiques plus souples et sont utilisés, par exemple, dans les joints d’étanchéité des couvercles. Ils peuvent aussi provenir des tuyaux en plastique des machines de remplissage. Les plastifiants sont jugés problématiques, car ils s’accumulent dans l’organisme et sont susceptibles d’endommager le foie. Cependant, les quantités trouvées sont si infimes qu’elles ne présentent pas de risque direct pour la santé. Cela étant, une production exempte de plastifiants est possible, comme le prouvent le Cucina Nobile, marque propre d’Aldi, ou l’Agrimonti vendu par Denner.
Si cet aspect vous préoccupe, préférez des couvercles possédant des joints d’étanchéité bleus (lire «Trop de couvercles contaminent encore nos aliments»).
Les bocaux de tomates séchées vendus par Aldi ne contiennent pas de plastifiants, mais les spécialistes ont trouvé de petits résidus de moisissure (acide ténuazonique). Cela prouve que certaines tomates étaient moisies. Ce n’est certes pas très ragoûtant, mais les risques pour la santé sont moindres.
Les réponses des fabricants
Coop explique que les MOAH de son Fine Food proviennent d’un lubrifiant utilisé par l’unité de production. «Cela ne satisfait pas à nos exigences, ajoute le géant orange. Nous cherchons une solution avec le fabricant pour éviter une telle contamination à l’avenir.» Dittman, de son côté, a dit vouloir rechercher l’origine du problème afin de l’éradiquer.
Chez Globus, on n’est pas satisfait non plus des six pesticides trouvés dans les Pomodori Mediterranei: «Cela ne correspond pas à nos directives. Nous avons pris contact avec le fournisseur pour que la situation s’améliore.»
Le fabricant Polli, en revanche, souligne que la concentration des pesticides décelés dans son produit se situe bien en deçà des exigences légales.
Jonas Arnold / seb
Les critères du test
Les experts du laboratoire ont traqué les substances suivantes.
1. Hydrocarbures aromatiques d’huile minérale (MOAH)
L’Institut fédéral allemand pour la prévention des risques conseille aux fabricants d’éviter autant que possible une contamination de leurs produits. Les MOAH sont considérés comme potentiellement cancérigènes.
2. Moisissures toxiques
Les denrées moisies peuvent produire des mycotoxines. Elles sont soupçonnées d’être cancérigènes.
3. Plastifiants
Ils sont utilisés dans la production des plastiques. Les joints des couvercles peuvent en contenir. Les expériences sur les animaux ont montré, à hautes doses, des dommages hépatiques ainsi que des effets hormonaux.
4. Pesticides
Le laboratoire a traqué les résidus de 250 substances. Les conséquences potentielles pour la santé de leur présence combinée, même en faibles quantités, pourraient être explosives selon une étude française publiée en septembre 2017. Cette dernière affirme que le mélange de certaines molécules amplifierait jusqu’à 1000 fois leur effet.
En pratique: quelques trucs
Pour bien conserver vos tomates séchées à l’huile...
⇨ Ne pas placer le bocal à l’envers: beaucoup de joints des couvercles contiennent encore des plastifiants. L’huile dissout ces substances délicates.
⇨ Entreposer à l’ombre et au frais. La lumière et les rayons directs du soleil peuvent endommager le contenu. Si les tomates ou l’huile sentent le rance à l’ouverture du récipient, il est conseillé de jeter le produit.
⇨ Après ouverture, conserver au réfrigérateur. Il est préférable que les tomates soient recouvertes totalement d’huile, ce qui les préserve de l’oxygène et permet de les garder plus longtemps.