La Suisse occupe une position privilégiée pour découvrir l’Europe à vélo, quitte à prendre le train pour rejoindre le point de départ. Des bords de la Loire à ceux du Danube, en passant par le tracé reliant Munich à Venise, l’important est d’adapter le voyage à sa condition physique et au temps à disposition.
1. Un itinéraire adapté
Première précaution: tester le matériel et les mollets avant le départ. En Suisse, le site suissemobile.ch donne toutes les informations utiles pour concocter des week-ends de préparation. Si on prévoit de partir à plusieurs, une excursion commune permettra d’évaluer la condition physique de chacun.
Au niveau européen, les itinéraires longue distance sont regroupés sur la plateforme eurovelo.com. Deux d’entre eux traversent la Suisse: l’EuroVelo 6 relie l’Atlantique à la mer Noire en longeant notamment la Loire, le Rhin et le Danube. Il est intégralement balisé. La signalétique de l’EuroVelo 5, qui va de Canterbury à Rome sur les traces de la Via Francigena, est plus hasardeuse. Les EuroVelos 15 et 17 qui longent le Rhin et le Rhône partent toutes deux d’Andermatt.
Cibler ensuite les recherches selon le pays de destination, par exemple francevelotourisme.com, bicitalia.org, eurovelo.at (Autriche) ou ADFC.de (Allemagne). Généralement, l’Allemagne et l’Autriche sont exemplaires pour le balisage et la sécurité des tracés, un critère de poids si on voyage en famille. Un cycliste de condition moyenne parcourt sans problème 50 km par jour à raison de 15 km/h. Les étapes ne devraient guère être plus longues avec un vélo à assistance électrique. Compter encore 10% de plus que la distance officielle pour tenir compte des détours, des visites et des autres trajets vers les hébergements. Il est prudent de ne pas prévoir trop de dénivelé au début.
2. Ne pas perdre le nord
Si on possède un GPS, on téléchargera le parcours avant le départ. Les applications gratuites, telles que maps.me ou mapy.cz fournissent des cartes détaillées à enregistrer quand on est connecté à un wifi pour ne pas entamer son forfait de données. Elles indiquent aussi les lieux d’intérêt et les hébergements. Un support imperméable fixé au guidon permettra alors d’utiliser le smartphone comme un GPS dans les villes.
En France, le Guide du Routard a lancé une série consacrée au cyclotourisme. Dans les pays germanophones, les Editions Esterbauer ou Kompass éditent des brochures et des cartes détaillées à grande échelle; elles seront précieuses même si on ne sait pas l’allemand. On y trouvera aussi les lieux d’intérêt et des possibilités d’hébergement qui ne figurent pas sur les plateformes touristiques habituelles.
3. Rustines et pèlerine
Préférer un deux-roues polyvalent muni de porte-bagage aux gros pneus d’un VTT, guère efficaces sur les revêtements lisses. Quant aux vélos de course, leur cadre n’est pas assez robuste pour être chargé et les roues trop fragiles sur des tronçons non asphaltés. Pour les longues étapes, choisir un guidon papillon qui permet de changer de posture. On peut aussi équiper un guidon droit de bar-ends qu’on appelle communément «cornes».
Un service complet s’impose avant le départ, car une chambre à air usée rendra vite l’âme. Il vaut aussi la peine d’investir dans des pneus anticrevaison. On emmènera encore une pompe fiable, un kit de réparation et un antivol suffisamment long pour attacher l’engin à une barrière.
Besace de guidon et sacoches à cliquer au porte-bagage s’imposent pour que les bagages pèsent sur la bicyclette et pas sur le dos. Si on loue un vélo sur place, insister pour obtenir un cadre correspondant à sa taille. Un porte-gourde permettra de s’hydrater en tout temps. Ne pas oublier d’emporter aussi des biscuits secs et des barres de céréales au cas où il faut faire l’impasse sur un repas.
Le principal danger étant de passer inaperçu sur la route, on choisira un maillot de couleur vive ou un gilet fluo léger. Un sous-vêtement rembourré évitera les frottements sur les zones sensibles. Casque, cape de pluie et chaussures fermées compléteront l’équipement. En été, un tube de lessive évitera de s’encombrer inutilement, à condition de renoncer aux vêtements en coton, très longs à sécher.
4. En train et en avion
Si on veut rejoindre le point de départ en train, il faudra prendre sa monture avec soi. Le transport d’un vélo démonté et emballé dans une housse est gratuit en Suisse et à l’étranger, mais cette option n’est toutefois guère réaliste quand on emmène encore des bagages.
Mieux vaut donc embarquer son deux-roues tel quel. Un billet international pour bicyclette coûte 20 fr., réservation comprise. Dans les pays limitrophes, on peut embarquer sur les trains régionaux ou directs. En France, les vélos voyagent gratuitement sur les trains TER, mais l’accès aux TGV internationaux et aux rames à deux étages leur est proscrit, à l’exception de l’Eurostar (40 €). En Allemagne, on peut les transporter sur les trains intercités (9 €, réservation obligatoire), régionaux (tarifs variables), mais pas sur les ICE au départ de Bâle, par exemple.
Vers l’Italie, des places sont disponibles sur le convoi qui relie Genève à Venise en passant par Milan. L’accès aux vélos est en revanche interdit sur toutes les Freccia et les Intercitys de la Péninsule, mais on peut les embarquer sur les liaisons semi-directes reliant, par exemple Turin ou Milan à Brigue.
Quant aux trains de nuit, ils sont désormais interdits aux deux-roues. Si on préfère l’avion, un vélo sans assistance électrique peut voyager en soute. Il faut alors l’indiquer au moment de réserver son billet et l’emballer dans un carton à l’aéroport (30 fr.) Prévoir suffisamment de temps pour dévisser les pédales, descendre la selle et aligner le guidon sur le cadre avant l’enregistrement. Compter entre 80 fr. et 92 fr. pour un vol intraeuropéen sur Swiss et 64 fr. chez easyJet.
5. Un abri pour la nuit
De nombreuses agences concoctent des excursions clés en main, avec ou sans accompagnants. Elles fournissent les deux-roues, réservent les hébergements et assurent souvent le transport des bagages. Des voyagistes proposent même des croisières au fil de l’eau pour retrouver chaque soir sa cabine.
Les cyclistes à l’esprit d’aventure chercheront eux-mêmes un toit pour la nuit. En haute saison, il est prudent de réserver les premières étapes à l’avance, surtout si on voyage à plusieurs. On demandera à mettre le vélo à l’abri et en lieu sûr jusqu’au lendemain.
Si on opte enfin pour le camping, il vaut la peine d’investir dans un équipement aussi léger que possible en se limitant à l’essentiel: tente, sac de couchage, natte autogonflante, petit réchaud et vaisselle légère.
Claire Houriet Rime
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