Depuis des mois, les prix des biens de consommation ne cessent d’augmenter, pesant lourdement sur le budget des ménages. Après la pandémie, la guerre en Ukraine a accéléré ces hausses, en particulier de l’énergie, mais aussi, fortement, de l’alimentation. Dans ce contexte, le risque que certains acteurs du marché profitent de la situation ne peut être écarté. Dans notre précédent numéro, nous avons d’ailleurs relevé de nombreux exemples de renchérissements injustifiés (lire «Hausses de prix à gogo»). Nous avons donc décidé de lancer notre «Observatoire des prix» basé sur un caddie-type de 53 produits, dont 9 bio, à la recherche des tarifs les plus bas chez Aldi, Coop, Lidl et Migros (lire encadré «L’observatoire des prix en pratique»).
Nos relevés nous permettront de suivre, mois après mois, l’évolution des prix chez les quatre détaillants et de pointer du doigt les hausses abusives.
Nous vous indiquons les meilleurs prix!
Notre comparatif a aussi un intérêt pratique direct et immédiat: il vous permet d’économiser de l’argent en vous indiquant dans quelle enseigne vous trouverez la marchandise la moins chère. Vous avez besoin de confiture de fraise? Chez Aldi, le pot de 450 g à 1.15 fr. représente la meilleure offre. Pour la même quantité, vous devrez débourser au minimum 1.20 fr. chez Migros et 1.95 fr. chez Lidl et Coop, soit un surcoût de près de 70% (voir tableau).
Il faut souligner que les prix relevés correspondent aux marchandises les moins chères, dans les quantités recherchées (voir note au bas des tableaux), que nos enquêteurs ont trouvé dans la succursale le jour de leur visite. Migros commercialise par exemple du papier hygiénique M-Budget à 3.60 fr. les 12 rouleaux, mais il était absent des rayons au moment de notre relevé. Le produit le moins cher coûtait 6.20 fr. pour 12 rouleaux.
Aldi et Lidl les meilleur marché
Dans ce premier exercice, le caddie-type le moins cher est celui de Aldi, juste devant Lidl, avec des tickets de caisse respectifs de 124.60 fr. et 126.75 fr. (+1,7%). Migros arrive en troisième position avec 140.25 fr., soit 12.6% de plus que chez Aldi. C’est chez Coop que le consommateur déboursera le plus, avec une facture de 157.35 fr., soit 26% de plus que chez Aldi et Lidl. Une telle différence est d’autant plus surprenante que les deux géants orange ont largement étoffé leurs gammes «premier prix» – 700 articles M-Budget et 1300 Prix Garantie – pour réduire l’attractivité des hard discounters. Deux éléments expliquent, en bonne partie, l’écart constaté. D’une part, beaucoup de «premiers prix» ne sont pas disponibles dans les rayons de nombreuses succursales de Coop et de Migros, comme le montre notre enquête en pages 10-11. D’autre part, notre panier inclut neuf denrées bio pour lesquelles Coop est régulièrement plus cher. Ainsi, dans le supermarché visité par nos enquêteurs, le pot de miel bio de 500 g le meilleur marché coûtait 6.95 fr. alors que Aldi en propose à 4.49 fr. soit 35% de moins!
Comparer: plus que jamais essentiel
Les totaux de nos caddies montrent par ailleurs que, pour une dizaine de produits, les prix sont identiques dans les quatre enseignes. Inutile donc de se rendre chez l’un plutôt que chez l’autre si on veut économiser sur le sel: le paquet d’un kilo est vendu partout 0.95 fr. Idem pour la plaque de beurre, dont l’offre la moins chère est uniformément à 2.95 fr. les 250 g.
Parfois, les deux distributeurs orange sont même moins chers que les discounters allemands.
Enfin, il faut rappeler que lorsqu’il ne s’agit plus de produits d’entrée de gamme mais d’articles spécifiques (sucre vanillé, paprika, beurre aux herbes, etc.), l’écart entre les prix des hard discounters et ceux des autres détaillants peut s’accroître considérablement, comme nous l’avons relevé dans un comparatif (lire «Les écarts de prix se creusent avec Aldi et Lidl»)
Indubitablement, dans cette période de hausses galopantes des prix, comparer est plus que jamais essentiel. Et c’est pour vous aider que nous avons lancé cet Observatoire des prix.
Sébastien Sautebin / Rui Pedro Nevado
L’Observatoire des prix en pratique
Le panier-type utilisé par l’Office fédéral de la statistique répond à des critères et des exigences souvent éloignés de nos habitudes de consommation.
Notre Observatoire des prix ne prétend pas le remplacer, mais il apporte un outil de mesure plus proche de nos réalités et des caddies que nous remplissons chaque semaine au supermarché.
Nous nous concentrons sur les quatre principaux détaillants de Suisse romande (Aldi, Coop, Lidl et Migros), avec une liste de 53 produits parmi les plus consommés dans les ménages. Les tests que nous réalisons, tout au long de l’année, nous ayant clairement montré que les produits bio présentent moins de risques pour la santé, nous avons décidé d’en introduire près de 20% dans notre panier.
Pour chaque produit, nous avons déterminé la quantité-cible que nous souhaitions acheter, par exemple 500 g pour les spaghetti. Nous recherchons le prix les plus bas, aux 100 g, parmi tous les produits allant de la moitié au double de cette quantité fixée. Ainsi, pour les spaghetti, nous nous focalisons sur tous les paquets entre 250 g et 1 kg. Pour établir le montant de notre caddie-type, le prix de chaque article est calculé en fonction de la quantité-cible recherchée.
Les relevés sont effectués dans une grande succursale lausannoise de chaque enseigne. Nous comparons les articles présents dans les rayons. En l'absence du produit recherché, nous sélectionnons celui qui s'en approche le plus. Lorsqu’un produit est totalement absent des rayons et ne peut être remplacé par un autre, nous considérons le prix du mois précédent, auquel nous appliquons le taux de renchérissement du caddie global. Si ce taux est en baisse, nous reprenons le prix du mois précédent sans appliquer la diminution.
Pour être en mesure de comparer les prix sur la durée, nous excluons les offres spéciales, actions et multipacks.
Seuls les prix les moins chers sont considérés aussi bien pour les produits conventionnels que biologiques. Bon à Savoir évalue la qualité des produits lors de tests en laboratoire.